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Vanessa Filho dont c'est seulement le second long métrage après Gueule d'ange adapte le livre de Vanessa Springora sur la relation qu'elle a eue durant un ou deux ans - ce n'est pas très clair - avec l'écrivain Gabriel Matzneff alors qu'elle était âgée de 14 ans et lui de 49 ans sachant que la majorité sexuelle en France est à partir de 15 ans.

Ainsi le film raconte comment Gabriel Matzneff (interprété par Jean-Paul Rouve), toute petite célébrité du milieu littéraire de Saint Germain des Prés et écrivain médiocre rencontre la petite Vanessa (interprétée par Kim Higelin, petite fille du chanteur Jacques, qui fait jeune, mais qui avait 22 ou 23 ans lors du tournage du film) lors d'un diner où sa mère l'a amené. Une relation entre les deux va s'en suivre. Vanessa qui est encore vierge veut perdre sa virginité avec le petit écrivain qu'elle imagine grand n'ayant pas lu son œuvre qu'il lui interdit d'ailleurs de lire. Seulement ça lui fait mal, et elle ne peut pas. Mais Matzneff est patient. Elle se fait finalement ouvrir l'hymen au bistouri. Pendant un moment, tout va bien, elle se livre à tous les fantasmes et toutes les demandes du gribouilleur pervers.

Mais elle finit par apprendre qu'il lui ment. Non seulement il y en a eu de nombreuses (et de nombreux) avant elle, mais en plus il en voit d'autres qu'elles alors qu'il lui avait dit qu'elle était unique. Elle décide alors de désobéir et de lire les livres qu'il lui avait interdit de lire, à savoir son journal. Car Matzneff est essentiellement un écrivain de journal. Il écrit un journal où il décrit de manière plate et répétitive ses aventures sexuelles sans intérêt sinon qu'elles sont avec des individus mineurs tournant généralement autour de 14/16 ans, et parfois moins, lorsque notamment il va faire du tourisme sexuel aux Philippines, ce qu'elle apprend en lisant son médiocre journal. Elle se rend alors compte que ce qu'on lui avait dit était vrai. Matzneff n'est qu'un pédophile qui pense sublimer ses perversions par l'art alors qu'il n'a pas le moindre talent.

Les qualités du film : il nous montre un Matzneff tout à fait proche de la réalité : un petit écrivain de rien du tout qui se croit plus grand qu'il n'est, tout fier de sa petite célébrité dans le milieu germano-pratin, complètement imbu de lui-même, se faisant mousser et se ventant en permanence, exhibitionniste incapable d'exister en dehors du regard des autres, presque autant autosexuel (attiré par lui-même) que pédo et éphébophile, aussi mythomane avec lui-même qu'avec les autres.

Les défauts : même si Jean-Paul Rouve capte très bien l'essence du personnage au crane chauve et à tête de spermatozoïde, le choix de ce dernier est un peu surprenant. Légèrement plus grand (même si Matzneff parait petit, il ne l'est que par son œuvre) son visage est très différent. Matzneff a ce trait particulier qu'il a un visage d'enfant et une personnalité et un comportement infantile, comme s'il était resté bloqué à un stade infantile, ce qui peut expliquer son attrait pour les jeunes personnes. Ce trait infantile n'est pas très bien représenté par Rouve bien qu'il livre un très bon travail. De plus, Rouve parait plus vieux. En effet, lorsque le pédophile avait sa relation avec Springora, il avait l'air beaucoup plus jeune, puisque c'était l'un de ses traits d'avoir l'air plus jeune qu'il ne l'était.

Ce qui est très étonnant et peu développé dans le film, c'est que Matzneff pouvait se livrer à ses fantasmes pervers en toute impunité et souvent avec la complicité des parents. Ce dernier point est très étonnant, et il aurait été intéressant de montrer ce mécanisme. Avec la mère, mais aussi avec les autres mères. Il est au fond dommage que le sujet se limite essentiellement à la petite Vanessa et se s'intéresse pas aux autres petites victimes du pédophile Matzneff. Enfin, il aurait été bien de montrer le milieu de Matzneff qui le protégeait, mais aussi qui appréciait ses "exploits" s'en délectant pour certains et montrer les autres individus du même genre qui gravitaient dans sa sphère, adeptes du tourisme sexuel aux Philippines, en Thaïlande ou au Maghreb.

Hunkarbegendi
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le 17 févr. 2024

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