Gabriel Matzneff a aujourd'hui 87 ans. Il aura survécu à Denise Bombardier laquelle fut la seule à l'affronter et à le stigmatiser, lors d'une célèbre émission littéraire. Cette scène figure dans l'adaptation du Consentement de Vanessa Springora, qui fut "l'amoureuse" de l'écrivain, ce dernier alors âgé de 50 ans face aux 13 printemps de celle qu'il qualifia de "prunelle de mes yeux" dans son journal intime. Au-delà d'un récit d'emprise, plus que de consentement, d'ailleurs, il est question d'une époque, pas si lointaine, où un malade tel que Matzneff pouvait relater ses "exploits" abominables dans ses écrits sans que la société ne soit choquée outre-mesure, à commencer par les cénacles culturels. Le film est cru, à la limite de l'insoutenable, et raconte autant les mécaniques de séduction d'un écrivain imbu de lui-même que la fragilité et le caractère influençable d'une pré-adolescente en quête d'admiration, nullement protégée par sa mère. Le Consentement n'est pas une adaptation parfaite, les mots seront toujours plus parlants que les images, et aurait pu davantage insister sur la manière dont la Vanessa adulte a tenté de se réparer. Kim Higelin est en tous cas exceptionnelle, dans un rôle extrêmement difficile, et Laetitia Casta formidablement juste. Reste Jean-Paul Rouve, dont l'interprétation est impressionnante mais plutôt monolithique et ne rendant pas compte du charisme vénéneux et onctueux d'un personnage qui, pour être un monstre absolu, n'en avait pas moins un pouvoir d'attraction indéniable, hélas.