かぐや姫
Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...
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M’intéressant quelque peu au monde de l’animation japonaise, on remarque très vite quelques figures de proues qui marquent les esprits avec leurs réalisations. Parmi ces réalisateurs, il me tient à cœur de parler d’Isao Takahata, grand créatif du studio d’animation nippon Ghibli fondé avec son acolyte Hayao Miyazaki. En 2014, presque seize après le grandiose Tombeau des Lucioles, le réalisateur revient sur le devant de la scène avec ce qui doit être son dernier film : Le conte de la princesse Kaguya.
Le Kaguya-hime No Monogatari, classique de la tradition orale du pays du soleil levant, est une œuvre très populaire et bien connue de tous les japonais : un vieux couple misérable sans enfants habite les forêts de la campagne nippone où ils vivent de la taille et le travail du bambou. Un jour, le forestier découvre une minuscule jeune fille au creux de l’un des arbres qu’il vient de tailler et décide de l’adopter. En un rien de temps, à l’image de la plante dont elle est originaire, l’enfant grandit et se transforme en une jeune fille dont la beauté commence à attirer l’attention de nombreux hommes qui en tombent amoureux. L’empereur lui-même cherche à conquérir son cœur mais la jeune Kaguya préfère s’épanouir au milieu de la végétation luxuriante, des fleurs sauvages et des animaux de sa forêt.
Pour Takahata, le conte n’est ici qu’un prétexte pour chanter la beauté de la nature, thème récurrent de son œuvre. Aussi, l’histoire suit pas à pas la vie de la jeune Kaguya comme déroulé dans le conte. Ce n’est pas sans me déplaire étant donné mon intérêt tout particulier pour ce récit d’une grande beauté à l’image de Kaguya, femme forte s’opposant aux prétendants imbus et roublards.
Mais sur la forme Takahata propose une réalisation plastique d’une très grande qualité qui en fait selon moi l’un des plus grands films d’animation des dernières décennies. Alors que les technologies dans le monde de l’animation ne cessent de se parfaire, preuve s’il en est avec les dernières sorties du studio Pixar au rendu plus vrai que vrai, le réalisateur opère un retour aux sources en proposant une animation en technique traditionnelle entièrement composée de dessins aquarellés montés image par image. Ces aquarelles à l’origine de chaque production du studio Ghibli sont le plus souvent conservées secrètement, éventuellement exposées dans le musée du studio, mais ici elles font l’essence même du film : le rendu est simplement sublime. Dès les premières minutes et les premières images dans la salle obscure mon cœur s’emballe et vient vibrer au rythme des coups de pinceaux du maitre japonais. Ce parti pris radical, réalisation en 2D et mouvements de caméra, vient ici poser les bases d’un bouleversant chef d’œuvre. En voyant certaines scènes, j’avais la nette impression de voir des estampes d’Hiroshige ou Hokusai s’animer avec fraîcheur et dynamisme devant mes yeux ! Avec l’exigence de l’artiste, les courses dans les champs de fleurs, danses sous les cerisiers, ou autres bains dans la rivière se transcendent en un visuel empreint d’onirisme qui exalte une nature sublime.
Scotché sur mon siège de cinéma, entre émotion et impatience, je suis alors profondément marqué par la scène de la fuite de la princesse où les lignes et couleurs du dessin s’affolent : un résultat éblouissant qui me laisse admiratif et sans voix. Presque en trance pendant toute la durée du film, je reprends mon souffle et quitte la salle.
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le 26 avr. 2018
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