Le Contour de la nuit (The Shape of Night) est un chef-d'œuvre, disons-le très clairement. Bien avant In the Mood for Love, il existait donc au Japon un réalisateur capable de rivaliser avec la poésie enchanteresse de Wong Kar-wai.
Filmé à 90% la nuit, le film de Noboru Nakamura dessine subtilement les contours nocturnes de la ville, ses bars, ses néons et ses marcheuses. L'actrice principale, aperçue dans Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Oshima, crève l'écran. Prisonnière de la nuit et d'un amour impossible, tel un oiseau en cage dont les néons constituent les barreaux, cette femme éprise de son tortionnaire ne peut qu'entrevoir la lumière du jour. De délicieuses notes de jazz enveloppent le spectateur et font presque oublier le drame Shakespearien qui se joue. Une immense découverte.