Ah ben voilà un excellent film! Quelle bonne surprise de voir ce film mineur et peu connu d’Arnold Schwarzenegger se révéler être non seulement de qualité, mais même supérieur à d’autres de ses films, pourtant mieux considérés (quoique sa carrière a eu peu de faiblesses (oui, je le clame haut: je suis fan de l’Autrichien)).
L’esprit franc et pur entertainment (sans prendre non plus les spectateurs pour des cons; du moins c’est mon sentiment) des productions des eighties habite la pellicule et se manifeste à tous les niveaux. La musique est juste magnifique (pour les amateurs du style, bien sûr) et participe à l’atmosphère détendue et la bonne humeur se dégageant du film. L’humour est bien présent, ainsi que les punchlines. Pour peu qu’on accepte de ne pas chercher la profondeur mais le divertissement honnête (conseil moult fois répété pour d’autres films jugés assez sévèrement par des gens qui veulent se voir offrir quelque chose que ces films n’ont pas à forcément avoir), ce qui est ici bien le but, on est servi efficacement.
L’histoire, très simple dans le fond mais un peu alambiquée dans la forme, cependant se déroule clairement. Kaminski, un ex-FBI maintenant sheriff dans un trou, se voit offrir un travail sous couverture afin de démanteler une organisation criminelle dont Patrovita, le boss, a tué le fils de son employeur parce qu’il protégeait un témoin. En pratique, ça passe par une série de situations plus ou moins invraisemblables mais totalement assumées (l’explosion mise en scène par Kaminski de sa voiture où il devait avoir péri, ou encore son attitude en essayant de se faire passer pour un criminel recherchant un emploi), une romance curieuse mêlée à une histoire de jalousie (de la part d’un homme de main du bras droit de Patrovita, joué (l’homme de main) par le charismatique Robert Davi (beaucoup de plaisir à voir son cynisme et ses sarcasmes ici)), des seconds rôles plutôt bons et—très important—distincts et distinguables (notamment le flic qu’on voit une ou deux fois mais dont l’attitude se grave dans la mémoire (d’ailleurs, j’ai vu le même acteur quelque part d’autre, à jouer un rôle presque identique)).
Quant à l’action, on est gratifiés par des bagarres cool avec humiliation des méchants et démolition des parages, deux (!) courses-poursuites comme on savait en faire, sans aucun numérique dégoulinant et ostentatoire, même si une volonté du spectaculaire est sentie (mais avec la juste mesure: le spectaculaire cède devant l’efficace), plusieurs fusillades (façon western et façon un contre tous), des explosions (gratuites ou pas), et une scène d’armement du héros avant l’affrontement final, rappelant tous les bons films d’action de l’époque (l’épique—et j’y mets tout le poids du qualificatif—Commando, Terminator 2 ou encore Rambo 2). L’affrontement final est exemplaire et, je pense, même si il n’y a pas de duel ou de scène particulière avec le méchant (comme dans tout bon film cliché, ce que étrangement ce film n’est pas tellement), un des plus efficaces que j’ai vus.
Kaminski est un vrai héros des années 80, jamais déprimé (pas comme certains dark knights) et jamais non plus en véritable danger, il se prend des balles sans sourciller, impassiblement rase par lignes les hommes de main avec les rafales de ses mitraillettes, et n’accorde aucun répit à ceux qui le méritent. «Cent ans de travail de police en une seule après-midi», dira le flic lors de sa rencontre avec Kaminski, attendant avec satisfaction les forces de l’ordre, car, de son propre aveu, «trop fatigué».
Bref, je le recommande, comme à la fois témoignage d’une époque débonnaire (au moins à l’écran), d’une époque où on savait correctement filmer une fusillade et un pugilat, et une film honnête et soigné, se voulant avant tout efficace, ne prétendant pas à la perfection, et par cela même plus attrayant.