Dans un monde parallèle, Sorcerer défonce Star Wars au Box-Office.

Allez, je me lance à écrire une critique pour Sorcerer qui est pour moi l'un des meilleurs films de tous les temps. Sorti en 1977, le film s'est magistralement cassé la gueule au Box-Office car en même temps sortait un petit film intitulé Star Wars, et vous connaissez la suite.


Essentiellement une seconde adaptation du roman Le Salaire de la peur et dédié à Henri-Georges Clouzot, le réalisateur de la première adaptation, Sorcerer conte l'histoire de quatre âmes damnées qui se retrouvent dans le fin fond d'un pays d'Amérique Latine où le climat est chaud et poisseux. Le village dans lequel ils se trouvent n'est qu'un bidonville dirigé par une police militaire évidemment corrompue qui fait vivre aux habitants un véritable calvaire, car la plupart des citoyens sont des criminels en fuite. Ces quatre âmes damnées sont Scanlon, un conducteur pour la mafia à New York, Manzon, un banquier français qui détourne l'argent de sa famille, Kassem, un terroriste Palestinien qui fait sauter un bâtiment à Jerusalem, et enfin l'énigmatique Nilo, un assassin sud-américain dont on ne sait rien. Pour pouvoir sortir de leur situation désastreuse avec une prime très alléchante, ils devront conduire deux épaves bourrées de nitroglycérine instable sur des centaines de kilomètres de routes quasiment impraticables pour pouvoir éteindre un incendie dans un puits pétrolier.


L'un des points forts de Sorcerer c'est l'intensité dégoulinante du film, c'est sans aucun doute le film le plus tendu et intense que j'ai jamais vu. La moindre erreur, le moindre relâchement de la vigilance des quatre protagonistes signe leur arrêt de mort en un claquement de doigts. En plus de cette situation particulièrement étouffante, les hommes ne s'aiment pas particulièrement et devront apprendre à collaborer pour s'en sortir. Bien plus qu'un banal film d'aventure, Sorcerer propose aussi une construction et une évolution des personnages remarquables, d'abord présentée sous forme de vignettes individuelles pendant près d'une heure avant que leur périple ne commence. Et si ça peut paraître ennuyeux au premier abord et décrit comme ça, ces vignettes ne sont pas du tout le fruit du hasard et apportent une richesse très profonde au film qui fait qu'on s'attache à ces quatre criminels et qu'on veut les voir arriver à la fin de leur voyage sains et saufs. Le thème principal du film et le "Sorcier" éponyme, en plus du camion qui s'appelle comme ça, est le Destin avec un grand D. Sorcerer est un film qui ne fait aucune concession et à la fin le spectateur est lessivé.


Le jeu d'acteur est excellent de bout en bout, que ce soit les rôles principaux tenus par les superbes Roy Scheider, Francisco Rabal, Amidou et Bruno Crémer, ainsi que les rôles secondaires. Tout le monde est juste et parfaitement à sa place. Le film est un savant mélange de genres, du film de gangster au drame, en passant par le thriller, le film d'aventure et le film d'horreur. Le style du film, proche de celui de The French Connection, est du type voyeur et quasiment documentaire. C'est froid et désintéressé, et en cela on ne peut qu'assister médusés et la boule au ventre au voyage du Lazaro et du Sorcerer, ces deux camions qui menacent à tout moment de tomber en pièces. Les séquences lors du voyage sont incroyables et très angoissantes, en particulier la très célèbre scène de la traversée du pont en bois et en cordes au dessus d'un torrent déchaîné, qui à valu à William Friedkin le sobriquet de Hurricane Billy. Le camion Sorcerer lors de cette séquence ressemble à s'y méprendre à un dragon qui crache sa fumée. C'est tout bonnement bluffant et éprouvant. En plus de ça, Sorcerer possède une bande originale signée Tangerine Dream, leur première, qui donne au film un côté à la fois sinistre et puissant.


Sorcerer est pour moi le meilleur film de William Friedkin, son chef d'œuvre absolu. Encore meilleur que The French Connection et To Live And Die In L.A. qui sont deux films incroyablement bons. Et en plus de ça, je le trouve bien meilleur que Le Salaire de la peur de Clouzot car ses personnages sont bien plus intéressants et les obstacles qu'ils rencontrent sont bien plus dangereux. Je ne peux pas assez vous recommander Sorcerer.

skacky
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le 22 mai 2021

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skacky

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