Les vrais "héros" du remake de Friedkin ne sont ni l'excellent Bruno Cremer, en banquier déchu tombé des cimes dorées de la finance aux rives poisseuses de la forêt équatoriale ; ni le très secret Roy Scheider qui ne trouve qu'un bref répit après les Dents de la mer au fin fond de cet enfer vert, ni le très impliqué Amidou aussi déterminé à sauver sa peau qu'à plomber celle de ses ennemis, ni même le très obscur Francisco Rabal plus porté sur la gâchette expéditive que sur les excursions suicidaires.
Non, les deux véritables héros de ce film très physique, ce sont eux, Lazaro (le miraculé) et Sorcerer, les deux fantastiques camions que préparent nos aventuriers pour affronter 300 kilomètres d'ornières boueuses, de ponts tordus et de paysages fantomatiques. Littéralement rendus à la vie par les soins de leurs futurs conducteurs, les deux bahuts, filmés sous tous les angles par la caméra de Friedkin semblent animés d'une volonté propre qui n'est pas sans rappeler celle du camion fou de Spielberg.
Alors certes on peut regretter que les poids-lourds du cinéma que furent Steve McQueen ou Lino Ventura aient abandonné le projet pour lequel ils avaient été pressentis et en même temps, on peut se demander si leur absence n'a pas finalement permis à Friedkin de changer de braquet et, concentrant sa mise en scène sur ces deux deux tas de ferraille, d'obtenir un résultat encore plus spectaculaire. Du moins jusqu'à l'arrêt des moteurs.
Roy Scheider, en Enée de service revenu des Enfers peut bien poursuivre à pied jusqu'à sa destination finale, l'histoire a soudain perdu toute la force que lui conféraient les deux engins.
Un film puissant, aussi physique que métaphysique.


Histoire/scénario : 8/10
Personnages/Distribution (camions compris) : 9/10
Mise en scène/réalisation : 9/10


9/10

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le 18 nov. 2016

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Theloma

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