La jungle de l’enfer

Ce film est une adaptation du roman de Georges Arnaud déjà adapté par Henri-Georges Cluzot avec la production Le salaire de la peur. Georges Arnaud, réalisateur de grands classiques du cinéma américain tels que French Connection et L’Exorciste, prend la liberté de nous vendre une nouvelle vision de cette fameuse histoire de transport de nitroglycérine en apportant quelques modifications scénaristiques par rapport au livre d'origine. Avec adresse et méticulosité, ce dernier parvient à attirer notre attention sur ce transport sensible et tendu dans une jungle de l’Amérique du sud où une multitude de dangers guettent les conducteurs au volant de leurs camions. C’est un road-movie ayant exactement le même état d’esprit et la même mécanique que Le salaire de la peur avec des épreuves hasardeuses à traverser telles que des chaussées étroites et boueuses ou des ponts de bois supportant à peine le poids des camions. Ces dangers nous immergent dans une atmosphère à la fois délicate et psychologique où on peut songer que la nitroglycérine va finir par exploser à n’importe quel moment du film.

Surtout que certaines des épreuves pétrifient et nous calent sur nos sièges par une efficacité redoutable comme la traversée d’un pont suspendu au-dessus d’une rivière déchaînée. C’est une réalisation à la fois musclée et soignée que le cinéaste nous propose de vivre en compagnie d’un casting réunissant d’acteurs de différente origine tels que le français Bruno Cremer ou l’américain Roy Scheinder. Un casting qui sait nous faire ressentir chaque sensation ou sentiment de leurs personnages même si on regrette le fabuleux casting qui était prévu auparavant avec des stars telles que Steve McQueen ou Lino Ventura. Comme le précédent film, ce long-métrage souffre d’une petite lenteur inutile au début même si la présentation des personnages est nécessaire afin de connaître les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays natal. Cette lenteur se fait aisément oublier dès le début du transport avec un suspense insoutenable et une jungle pas très accueillante. Par une mise en scène montée avec soin et intelligemment composée d’images fortes en tension, le réalisateur donne une vision de cette histoire tout à fait prenante et intéressante pour nous faire rester sans voix à de nombreux instants du visionnage. Un remake particulièrement réussi de bout en bout et pris en main par un réalisateur de prestige. 7/10

Ce n’est pas l'endroit où j’aimerais aller !