Un jour qu’il est seul dans sa chambre à déplorer le décès de sa femme morte il y a deux ans, le professeur Craven (Vincent Price) voit arriver un corbeau doué de parole. Celui-ci s’avère être une de ses connaissances, le professeur Bedlo (Peter Lorre), que le magicien Scarabus (Boris Karloff) a transformé en oiseau. Bedlo affirmant à Craven qu’il a aperçu la femme de ce dernier (Hazel Court) bien vivante chez Scarabus, les deux amis partent chercher des explications…
Comment adapter une courte nouvelle d’Edgar Poe en un film d’1h20 ? C’est le défi que se sont lancés Roger Corman et son scénariste Richard Matheson, pour leur cinquième adaptation d’Edgar Poe à l’écran. Comme il était prévisible, du récit de Poe, Matheson et Corman n’ont rien gardé, si ce n’est les 5 premières minutes, et ceux qui voudront regarder ce film pour l'adaptation de Poe qu'il propose grinceront fréquemment des dents, tant le script de Matheson s'ingénie à trahir la nouvelle d'origine. Pourtant (et fort heureusement), tout n'est pas à jeter dans ce film, loin de là...
Brisant avec la tradition d’épouvante instaurée par leurs précédents films, Corman et son scénariste transforment donc la nouvelle fantastique de Poe en comédie pure. Pendant qu'ils laisseront les puristes de l'oeuvre de l'auteur britannique s'en offusquer, les autres pourront se réjouir de voir Corman s’autoparodier, en distillant dans son récit un humour qui fonctionne souvent bien, particulièrement grâce au génial Peter Lorre. Il faut dire que le réalisateur a su soigner son casting, faisant ici appel aux vétérans Vincent Price, Peter Lorre et Boris Karloff, qui se voient rejoints par un petit nouveau du nom de… Jack Nicholson !
Evidemment, Le Corbeau reste avant tout une série B dans toute sa splendeur comme Roger Corman se plaît à les faire, témoignant du même kitsch que ses films antérieurs, agrémenté ici d’effets spéciaux fauchés assez catastrophiques. Mais cela n’empêche pas de goûter avec un certain plaisir cette délirante histoire de sorciers et de duels de magie, tout en se disant qu’il n’y a pas là de quoi marquer l’histoire du cinéma. Ça tombe bien, ça n’est visiblement pas le but de Corman.