Nouvelle adaptation du poème narratif signé Edgar Allan Poe, The Raven s’entoure d’un casting prestigieux, mobilisant d’ailleurs l’acteur Boris Karloff déjà présent dans le film de 1935 – il interprétait alors le docteur Vollin –, et bénéficie du talent de Roger Corman à la mise en scène : la générosité en matière d’épouvante et de fantastique, en témoigne la clausule où s’affrontent deux magiciens comme le feront plus tard Voldemort et Harry Potter (Harry Potter and the Deathly Hallows: Part 2, David Yates, 2011), n’a d’égale que la légèreté avec laquelle est mené le récit. Le recours à la tonalité burlesque surprend d’abord avant de s’imposer comme un prisme original pour relire l’œuvre de Poe ; de même, l’atmosphère surannée qui exploite tous les clichés du genre est une façon, pour Corman, de restituer le folklore dont était porteur le texte littéraire. Les effets visuels sont soignés et influenceront d’autres films ensuite – le générique qui joue avec l’ombre du corbeau se retrouvera par exemple, avec des chats, dans le mauvais Eye of the Cat sorti six ans plus tard (David Lowell Rich, 1969). La qualité de l’interprétation, la générosité et l’efficacité du scénario que rédige le romancier Richard Matheson, la beauté de la partition musicale de Les Baxter font de The Raven l’une des réussites de son auteur.