Après avoir passé 7 ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, François Leclerc (Jean-Paul Belmondo) revient dans sa ville pour se venger...
C'est donc la 6ème collaboration entre Bébel et Verneuil et leur 3ème polar d'affilée après "Le casse" et "Peur sur la ville". Mais cette fois le tandem tente autre chose.
C'est l'adaptation du roman éponyme de Félicien Marceau qui a écrit le scénario avec Henri Verneuil et Michel Audiard qui signera évidemment les excellents dialogues du film.
Ceux qui attendent des cascades spectaculaires et des courses poursuites seront déçus.
Avec cette critique de la bourgeoisie, on pourrait presque se croire chez Chabrol ! Sauf qu'on est dans une grande ville au lieu d'un village. Et puis pour la mise en scène, on sent quand même l'influence américaine avec cette histoire racontée en flashback et qui nous montre que Verneuil est un bien meilleur réalisateur que ce que disait une certaine presse.
Même sans action, on ne s'ennuie pas grâce justement à la mise en scène qui alterne présent et passé. Dans le passé on voit l'ascension de François Leclerc puis sa chute due à son honnêteté (j'en dirais pas plus...).
Et en plus de la bourgeoisie, Verneuil critique le pouvoir, la politique et l'hypocrisie de ce milieu corrompu.
Pour cela il est bien aidé par un casting impeccable: Bernard Blier est parfait en bourgeois salopard et arrive même à le rendre quelque peu sympathique, Marie France Pisier est excellente en fille de bourgeois plus rebelle qu'elle en a l'air, on se réjouit de voir la bande à Bébel dans des petits rôles comme Michel Beaune, Charles Gérard, Claude Brosset (étonnant) ... Et on voit Nicole Garcia dans un de ses premiers rôle. Et puis bien sur Jean-Paul Belmondo plus sobre que d'habitude et toujours aussi charismatique.
"Le corps de mon ennemi" est le film du tandem Belmondo/Verneuil à avoir le moins fonctionné au box office (1 million 700 000 malgré tout ce qui ravirait beaucoup d'acteurs et réalisateurs ...) et leur moins célèbre. Pourtant il est à mon humble avis un de leur meilleur. Avec le recul, on s'aperçoit que ce film annonce un tournant dans la carrière de Verneuil qui va enchainer avec des films plus ambitieux qui parleront également entre autre du pouvoir ("I comme Icare" et "Mille milliards de dollars" ).