« J'écrirai pour venger ma classe ». Juste quelques remarques en vrac sur ce Café Society:

"Cette ville a besoin d'un lavement/This town needs en enema" (le Joker dans Batman)

Un mélange de Coup de Tête (pour l'injustice et l'exploitation par des notables d'un plouc, différent d'eux mais utile),

Paris Brest (de Tanguy Viel/Philippe Lioret en 2020; pour le rappel que tous les maires et notaires ne sont pas des anges et héros...au contraire de ce que les infos veulent nous faire croire car certains maires se font hélas cogner),

et de remugles d'interviews d'Annie Ernaux et autre Eddy Bellegueule, qui passent aussi pour des envieux, en colère et plein de ressentiments de classe (si j'ai compris des commentaires).

Avec une petit touche de Wall Street (1987) et Ressources humaines(1999) pour l'histoire du fils transfuge de classe qui devient complice de l'oppresseur, au grand dam de leurs pères, syndicaliste ou activiste...qui peuvent se sentir déçus et trahis, même si heureux si leurs fils vit mieux.

Le père ici de Belmondo est joué par un épatant Renè Lefèvre (que je connais encore mal): il est tout aussi émouvant et fort que mon Martin Sheen (aussi activiste politique dans 'Wall Street' d'Oliver Stone).

Sa création de boite de nuit juste après une rupture et colère, me rappelle celle dans les même circonstances de Jesse Eisenberg dans un autre bon Woody Allen, Café Society qu'il monte après une rupture et colère (et où en voix off aussi, il liste les perversions et cachotteries de quelques faux culs locaux).

Je précise que je ne dis pas que mon Henri Verneuil est un gauchiste mais les scènes où il filme

Belmondo qui marche dans une ville désormais déserte au moment d'un match de foot et qu'il entend des fenêtres ouvertes le bruit et sons du même match, rappellent quand même bien les scènes dans Fahrenheit 451 où Bradbury imaginait déjà en 1953 un héros marchant seul dans la rue alors que le bleu des télés allumées est visible à chaque fenêtre aux sons du même programme...tous ses concitoyens sont alors hypnotisés par l'écran comme des lapins soumis et qui vont se prendre une voiture dans la gueule. ( ha ha on a bien échappé à ça et personne, surtout sur SC n'est hypnotisé des écrans et passent du temps dessus...)

Il marche seul dans cette ville déserte façon façon Je suis une Leéende

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Une autre dimension encore ici dans l'oeuvre de Verneuil, Belmondo et leurs auteurs, est encore ici l'écologie (alors de droite, quand elle était encore de droite; avant de se faire sabotée et désormais passer pour un truc de gauchiste/mangeur-de-graines-qui-détestent les-arbres-de-noêl/ (sic) et autres reproches débiles pour la décrédibiliser...)

Verneuil, Bebel et Audiard regrettent amèrement la rapide bétonisation et la marchandisation perclus de soldes (dans la super scène de Belmondo seul dans la ville, il marche dans des rues devenues QUE galeries marchandes où plus n'a de bon et vrais prix; il n'y a que des soldes! ça annonce la folie des 'black friday'...du béton et du pognon de partout ...Belmondo est atterré ...atterré ...comme Gabin au début de 'Mélodie en sous sol', autre film de Verneuil... où atterré il constate aussi au début la bétonisation (donc c'était pas qu'un truc de gauchiste comme on veut nous le faire croire...on veut nous le faire croire pour nous éloigner de ce constat et regret et combat).

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Des statuts sur SC hyper négatifs me font écrire à la va-vite ce texte bordélique en désordre: mais comme un ado ou Belmondo vexé, je tente aussi de répondre à ces statuts excessifs.

Non, pour moi, les film dit d'auteur de Belmondo ne sont pas "très chiants" (sic) mais passionnants et souvent visionnaires et encore très contemporains.

Contemporain car, par exemple, en 1976, à Cournai, ville du textile, le maire est fouetté par Oscar, dit Janine (épatant Claude Brosset) puis il est l'objet de chantage à la photo intime.

Et c'est ce qui arrive encore en 2023 à par exemple Saint-Étienne où le maire a été victime d'un chantage à la sextape...

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Je l'ai revu hier soir avec plaisir...même si Belmondo joue un méchant.

Il ne joue pas un héros, gentil et léger vengeur vanneur, comme d'habitude...mais un envieux arriviste, méchant vengeur, vexé socialement dans sa jeunesse et qui veut sa revanche de classe...nourri par un ressentiment en apparence quasi révolutionnaire.

Une sorte de mini Joker, qui va révéler à l'aide sa boite de nuit porno et maison close, l'hypocrisie et les dessous d'une tribu de Tartuffe: face au plan de la nouvelle boite de nuit, il exulte à l'idée de révéler le stupre caché dans cette ville...il a alors des échos du Joker dans Batman et son opinion sur l'hypocrisie des Notables ("this town needs an enema").

Ses ennemis lui donnent bien des raisons de l'énerver: ils sont d'hypocrites Tartuffe reproduisant leurs avantages de race et classe, sous son nez et maillot de bain.

Alors il "venge sa race et sa classe"...comme dit le Prix Nobel Annie Ernaux.

A noter que la complicité locale dans le trafic de drogues de notables, de mafieux, de policiers et la justice ...a depuis été totalement été prouvée, notamment à grande échelle, notamment aux Etats-Unis, où les banques sont clé dans ce trafic. (cf entre autres, Barry Seal etc.)

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Sa fin est moins tenue que tout le début.

J'en aime ses nombreuses idées de hors-champ.

Et j'en aime surtout l'idée de la visite dans la maison bourgeoise désormais en ruine où il rencontre la mère de la meilleure amie de la fille Liègard...elle, vraie aristocrate, qu'il découvre être déjà "morte dans un accident de cheval" (Marie-Adélaïde était celle qui le dévisageait au repas)...

Henri Verneuil (que j'aime décidément beaucoup selon mon sondage SC) a l'idée géniale de nous faire visualiser le tout par nous mêmes,

et qu'à l'aide de sons et bruits sur des images différentes de ce qu'on entend...

...je viens de beaucoup entendre des critiques féliciter Jonathan Glazer dans sa 'Zone d’intérêt' (après László Nemes · ) pour ce même procédé qu' Henri Verneuil utilisait alors déjà très bien...le son et les bruits nourrissent notre cinéma intérieur créant alors les images.

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A noter aussi que le porno de l'époque nous semble désormais hélas hyper soft...qu'il semble hélas bien loin le temps où la vision de juste des chevilles défrisaient les moustaches des amoureux (« Montre-moi tes chevilles ! »)...

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SC me confirme que celle que je croyais reconnaître des Meilleurs Copains où elle dit à sa copine invitée aussi, un truc du genre "oh la la mais décoince toi et t'inquiètes pas, je sais ce que c'est la drogue"... est bien la même qui vend ici en effet de la cocaïne, une amusante, juste et joli Elisabeth Margoni.

Créée

le 14 févr. 2024

Modifiée

le 14 févr. 2024

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