Dans le noir bleu et froid d'une nuit de manoir, au beau milieu de l'obscurité, dans une pièce noyée de ténèbres, surgie de nulle part, une main blanchâtre aux doigts recroquevillés telles des griffes qui se tend vers vous, menaçant, s'avançant, inexorablement, inéluctablement, implacable et impitoyable ... déjà, elle vous touche et déjà, vous êtes folle ou fou !
Kitsch, peut-être, efficace indubitablement.
C'est cela que ce giallo historique et fantastique de Mario Bava, célèbre nom du genre, célèbre nom du cinéma italien des sixties: un défilé de mains échappées d'hors-champ pour se poser, réconfortantes ou effrayantes, mortes ou bien vivantes, sur les épaules, aux yeux effarés d'une sublime Daliah Lavi, princesse incontestée de ce chef-d'oeuvre d'épouvante.
C'est cela que ce conte macabre, ce détournement étonnant d'un mélange contre-nature de La Belle et la Bête et des pires fantasmes du Marquis de Sade.
C'est cela que ce Christopher Lee draculéen en revenant fantasmagorique et sa belle Daliah, toute en regards, voiles de Timante, qui nous rappellent cette pensée de Mallarmé: "Le suggérer, voilà le rêve ..." ou le cauchemar !
C'est un bel échantillon de fantastique pur qui laisse choisir entre son dénouement réaliste à base de folie malsaine et torturée ou celui plus suggéré, par l'image et le feu, de quelque chose d'effectivement bien plus surnaturel.
Une petite perle, une petite pépite d'une épouvante plus classique, qu'il est bon d'avoir vu à s'en leurrer les mirettes !
Dans le noir bleu et froid d'une nuit de manoir, au beau milieu de l'obscurité, dans une pièce noyée de ténèbres, surgies de nulle part ... derrière vous !