Revenu de loin, James Foley retrouve la fibre de son chef d'œuvre « Comme un chien enragé »
James Foley dont les derniers films (« The Chamber », « Fear », « Shangaï Surprise ») sont tombés dans l'oubli, reste dans la mémoire de nombreux amateurs de polar, comme l'auteur d'un film noir exceptionnel : « Comme un chien enragé ». Avec « Le Corrupteur », il parvient à faire oublier ses précédents navets en signant une série B de premier ordre. Dans ce dessein, il retrouve son acteur charismatique de « Fear », Mark Wahlberg qu'il confronte à la star de Hong Kong, Chow Yun Fat.
Ce dernier interprète un super flic de la brigade new-yorkaise aux prises avec des gangs chinois hyper violents. Wahlberg incarne dès lors un bleu plein de fougue muté dans la section de Chow. Ensemble, ils apprennent à s'apprécier mutuellement et à combattre leurs ennemis sans aucun état d'âme.
Bien sûr « Le Corrupteur » ressemble à beaucoup d'autres produits américains, mais Foley s'inspire du style nerveux du cinéma d'action de l'ancienne colonie anglaise. À l'instar de John Woo, il chorégraphie d'impressionnants balais de flingues. Dès la scène d'ouverture, il nous convie à une véritable fête du polar. Il laisse habilement de côté tous les défauts du genre, en se focalisant sur la relation de ses deux personnages. Ici, point de prise de tête ou de petites amies emmerdeuses, on suit les deux héros dans leur vie professionnelle essentiellement. On assiste donc à un véritable feu d'artifice où les scènes d'action pure se disputent la vedette avec les séquences de suspense intense. Foley s'appuie sur une mise en scène qui va à l'indispensable, sans ne jamais s'autoriser aucun chemin de traverse. Il tient de la première à la dernière image un rythme soutenu qui rappelle agréablement les meilleurs polars américains des années 70.
Il est aidé dans son entreprise par deux comédiens en très grande forme. Mark Wahlberg, qui n'en finit pas d'étonner les spectateurs depuis sa mémorable performance de « Boogie Night », évite le piège du petit nouveau nerveux qui veut pendant tout le film ressembler à son maître. Quant à Chow Yun Fat, il campe un inspecteur chinois brutal et philosophe avec beaucoup de conviction : il peut asséner un coup mortel tout en citant Lao Tseu.
Pour finir, « Le Corrupteur » ne serait pas ce qu'il est sans l'apport magistral du compositeur fétiche des frères Coen, Carter Burwell, qui réalise une nouvelle fois une partition sans faute. Il suit à la fois le rythme trépidant du film, le jeu des comédiens et l'intrigue. Chaque scène est bonifiée par sa musique qui oscille intelligemment entre l'électronique et le traditionnel chinois. Grâce à lui, le Septième art s'est trouvé un maître absolu. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter ses compositions pour les frères Coen, ou pour le western nostalgique de Stephen Frears, « The Hi Lo Country ».