Il y a des films qui tombent dans l’oubli. Certains à tort, d’autres à raison. Arte se charge d’en dépoussiérer quelques-uns, dont celui-ci pour lequel la chaîne annonçait « une grande aventure de pirates » auquel il fallait se lancer « à l’abordage » pour savourer d’une part « des batailles à couper le souffle et un duo glamour formé par Carole André et Kabir Bedi » d’autre part, tout cela dans « un divertissement de haute volée aux accents colonialistes ».
Présenté ainsi, ça se tente. C’est vrai quoi, on a eu des films de pirates très intéressants, principalement livrés par les américains. Là, nous sommes en face d’un film italien. Allons bon ! Après les westerns spaghettis, de la piraterie spaghetti ? Sauf que n’est pas Sergio Leone qui veut ! Même si on a le même prénom… N’est-ce pas, Sergio Sollima ? On a beau lui devoir "Colorado", il n’a pas la classe de Leone. C’est même flagrant quand on regarde ce film. Oh il a bien essayé de pomper quelques trucs ici et là, notamment dans ces plans qui nous montrent le regard du Corsaire Noir, mais cela est nettement insuffisant pour en faire un grand film.
Si encore ce film n’était pas exempt de défauts. Le début du film ne laisse rien présager de bon, avec des facilités scénaristiques qui hachent le récit et qui ne manquent pas d’interpeller, des invraisemblances, sans oublier des dialogues au ras des pâquerettes. Ben tiens, le terme de femmelette sortant de la bouche d’un flamand est pour le moins inattendu, et pour cause : on a plus coutume d’entendre ce mot de la bouche d’un enfant que de quelqu’un d’autre ! Et que dire de la première passe d’armes ? Ça ressemble plus à une blague qu’autre chose, non ? Serait-il possible que nous soyons en présence d’une parodie de films du genre ? Ma foi pourquoi pas, mais la suite nous dira que non, comme semblaient l’indiquer les critiques dithyrambiques de la chaîne.
Pire, ce qui avait été annoncé n’a pas vraiment lieu. Des batailles à couper le souffle ? Euuuuh perso j’ai vu bien mieux en la matière. En tout cas, je n’ai pas eu besoin de reprendre mon souffle. Après, certaines sont honnêtes, mais il n’y a pas de quoi en faire tout un plat selon moi. Quant au duo glamour… je ne sais pas qui doit réviser la signification du mot glamour entre les critiques de la chaîne ou moi, mais le fait est qu’on ne voit les deux acteurs réunis qu’assez peu de temps. Je n’ai personnellement pas eu assez de temps pour détecter le côté glamour. Après oui, on a une aventure de pirates. Encore que nous ne sommes pas mis devant une affaire de piraterie au sens pur et dur du terme. Non, on a une classique histoire de vengeance.
Cependant, le titre ne rend pas difficile de deviner sur qui cette épopée va se focaliser. Ce ne sont pas les autres Corsaires Rouge et Vert qui diront le contraire. En plus ils ne ressemblent en rien à des pirates, mais plutôt à des membres de la Cour Royale. Et en plus, qui a choisi les noms ? De corsaires, ils n’en ont que le nom ! Sans compter qu’on se demande comment ils ont pu entrer en toute impunité dans le monument où se trouve leur pire ennemi. Quoiqu’il en soit, nous sommes vite débarrassés d’eux pour nous pencher sur le Corsaire Noir. Lui oui, ressemble à un pirate ! Son interprète, récemment révélé par la série "Sandokan, le tigre de Malaisie" est malheureusement le seul du film à tirer son épingle du jeu, principalement grâce à son teint hâlé, sa barbe et l’intensité de son regard. C’est d’ailleurs lui et lui seul qui rend ce film à peu près regardable. Mais même en portant le film sur les épaules, il ne peut pas lutter contre les faiblesses du scénario. Encore moins sur les invraisemblances.
Le must étant de le voir se remettre comme une fleur après deux tirs de mousquet reçus à bout portant. Il y a beaucoup d’autres incohérences mais est-il vraiment utile d’en parler ? Ça rendrait mon papier interminable.
Parmi les faiblesses du scénario, les personnages secondaires. Ils ne sont pas assez développés. A tel point que pour bon nombre d’entre eux, on se demande après coup pourquoi ils étaient là. Pire, la quasi intégralité des acteurs ne dégage rien, en tout cas pas grand-chose. Y compris le grand méchant du film. Il est supposé être vraiment très méchant et pourtant… il ne suscite rien. Pas même une ombre d’inquiétude ! En fait, il m’a laissé totalement indifférent.
Tout comme le long métrage, du reste. Le seul point réellement positif, (si, si il y en a un !), c’est la musique. Enfin quand je dis la musique, je veux surtout parler du morceau joué avec une flûte de pan. C’est là le seul aspect que j’ai trouvé vraiment à sa place.