...dans un secteur en plein boum riche d'opportunités pour les individus à l'esprit entreprenant
Une satire plombée par un trio de mauvais coups.
Mais la satire politique est assez rare pour être saluée.
J'ai d'abord cru qu'un formatage hollywoodien l'avait faite dériver vers le prêchi-prêcha final : mais le film ne devait pas nécessairement se conclure en nihilisme kubrickien (folamour), et il aurait suffi de la part de Friedkin d'une once d'humour pour illustrer adéquatement le scénario et ridiculiser les accès de religion de l'acolyte du trafiquant d'armes. Les indices concordent : il n'a pas su souligner le ridicule des situations (baptême dans une piscine d'hôtel, chantage au bombardement du mercato d'armes contre une prière collective).
Les piques abondent contre le militarisme US en général et reaganien en particulier (deux extraits d'allocutions dont un mensonge éhonté sur les arsenals respectifs des USA et de l'URSS, et la fameuse ''nous ne nous armons pas pour faire la guerre, mais pour maintenir la paix'') . Le vice-president / chef de la CIA bush est (authentiquement?) cité par un industriel, bureaucrate ou militaire (la distinction à ce niveau devient superflue - cf le ''complexe militaro-industriel'' contre lequel Eisenhower avait mis en garde après avoir participé longuement à ses derniers développements nucléaires), rassurant qu'en cas de conflit nucléaire, les USA vaincraient en conservant 5% de leur population. Les marchands d'armes sont des trafiquants auux principes de concessionnaires automobiles : des commerçants prêts à tous les mensonges pour vendre leur camelote avariée aux dépens de la concurrence - et du client. Il aurait pu s'agir d''armes à écouler avant date de péremption, mais ici on nous propose une technologie de drones si innovante et pointue qu'elle a démontré son manque de fiabilité dans un fiasco sanglant préfigurant Robocop. Notre petit trafiquant sera l'intermédiaire idéal pour monter l'arnaque sans impliquer directement les militaires/industriels U.S..
D'ailleurs un trafiquant V.I.P. explique à notre petit négociant de seconde main que les puissances militaires créent des conflits extérieurs pour fourguer leurs invendus (ce qui fait ses affaires). Mais le rôle de ces magouilles dans les stratégies des Etats néocoloniaux n'est pas abordé ; on reste dans la dénonciation d'un commerce immoral - bien que la toute première scène du film ait introduit le sous-texte (l'allocution présidentielle d'un dictateur sudaméricain tournée dans des locaux US, et qui n'est in fine qu'une manoeuvre de ''com'', une réclame adressée au peuple pour justifier les hausses d'impôts en raison des achats d'armes nécessaires pour mater la rébellion).
Les composants indispensables de ces contrats d'armes juteux - pute, pots-de-vin - n'incluent hélas pas d'acteur comique (ni de corruption politique - ''rétrocommissions'' comme on dit - du côté des vendeurs).
Chevy Chase était l'un des rares premiers rôles cultivant une image de cynique, mais il est si plat qu'il se fait ''voler'' son unique scène drôle par un quasi-figurant ("I am happy to give you my gun, señor'') (il eut mieux valu dénicher la vis comica d'un acteur dramatique plus expressif - Pacino?). De même, Gregory Hines n'est ni Murphy ni Pryor (voir la scène où il est supposé perdre son sang froid en passant une voiture au lance-flamme, qui aurait dû virer à l'hystérie - ce qui laisse penser que le choix de cet acteur coloré était un pis-aller)(mais les deux sus-nommés eussent-ils accepté un second rôle ?). Et Sigourney Weaver, dont l'unique fonction très ''80s style'' est de faire la pute, n'est pas Madeline Kahn (dont la prestation vocale aurait rendu hilarante la scène drôle de vidéos de décollage d'armes avec copulation en fond sonore, qui finit en ''débandade'' - pompée sur benny hill ou par benny hill?).
Dommage, on est passé à côté d'une bonne tranche de rigolade ; mais en l'état, ça reste un film audacieux, qui allait à contre-courant de l'idéologie de la droite revenue en force avec Reagan ; et une comédie peu drôle comme il y en a tant, qui se distingue du lot par son refus de l'entertainment superficiel (les innombrables teen movies) - c'est déjà beaucoup.
(je vois sur IMDB que le démocrate producteur alors en perte de vitesse Robert Towne avait participé au scénario, et que Paul Brickman a aussi écrit Risky business , un téléfilm sur le soulèvement du ghetto de Varsovie filmé par Jon Avnet, et Citizens band du débutant Jonathan Demme )r