Après plus de deux ans de chômage, un ancien cadre décide de supprimer les candidats à un emploi.
Adapté d'un roman noir de Donald Westlake, Costa-Gavras a décidé de porter l'action dans le Nord de la France, et tout comme Coup de torchon, ça lui a porté chance.
Porté par un José Garcia inouï, où on a l'impression de le redécouvrir, le film est porté par une urgence, une noirceur et une âpreté peu communes dans le cinéma français. Ainsi, on va suivre ce cadre appliquer ses 1001 ruses pour tuer méthodiquement ses concurrents. Cet homme n'est d'ailleurs pas un super-héros, on le voit souffrir pour chaque meurtre qu'il commet, aussi bien mentalement (il se prend de tremblements aux mains) que physiquement (il se blesse à l'épaule à chaque coup de tir, à cause du recul occasionné par son arme). Ce que fait ressentir José Garcia est tout bonnement prodigieux, car on a difficilement de l'empathie pour lui, il est dur avec sa famille et son couple frôle l'explosion.

Film noir oblige, il recèle de vraies moment de tension, notamment quand la PJ va s'intéresser à lui, et un choc sur la porte risque de tout faire basculer. Plusieurs scènes basculent aussi vers l'émotion, comme la confession du personnage qu'incarne Ulrich Tukur ou celle que fait José Garcia chez le conseiller conjugal, mais on sait que tout cela navigue dans un univers noir, où le moindre espoir est aussitôt contrebalancé.

Outre Garcia, l'ensemble du casting est excellent, et on note le premier rôle de Christa Theret, ainsi qu'un cameo de John Landis. Karin Viard, qui incarne l'épouse de Garcia, est très bonne, car loin d'assurer un rôle de potiche, elle assure une soupape morale pour son marie, bien qu'elle ne sache pas ce qu'il fait réellement, au lieu de courir les entretiens d'embauche comme il le prétend.

N'oublions pas la mise en scène de Costa-Gavras, qui sait très bien filmer les paysages de Nord et de la Belgique, et qui impose à son film une ambiance quasi désespérée (les personnages rencontrés sont soit au chômage, soit avec des petits boulots, mais personne n'est content de sa situation), avec un détail amusant sur les camions croisés, qui décrivent soit avec des mots, soit des images, l'état d'esprit général de la scène.
La fin, sans la révéler, laisse planer une ambiguïté sur le destin du personnage de José Garcia, comem si tout n'était qu'un éternel recommencement.

Pourtant peu familier du cinéma de Costa-Gavras ("Z" m'avait un peu déçu), ce film-là m'a complètement séduit par son ambiance noir et des acteurs tous formidables. A voir, car les films français traitant du chômage et de la déchéance sociale sont peu légions.
Boubakar
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le 5 oct. 2011

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