11 ans après Le Môme, Corneau revient à ses premiers amours, le genre par lequel il s'est fait connaître avec Police Python 357, Série Noire ou encore Le choix des armes : le polar. Avec la complicité de l'ancien flic Michel Alexandre, qui avait travaillé auparavant avec Tavernier sur L627 et Téchiné sur Les Voleurs, il aborde un univers encore jamais véritablement abordé dans le cinéma policier, à savoir, les cousins.

Dans le jargon, un cousin est l'indic du flic, celui qui lui donne des tuyaux généralement contre une certaine impunité. Dans ce film, Timsit joue ce cousin et Chabat un flic de la brigade des stups avec une étonnante crédibilité. Le choix de Corneau d'attribuer ces personnages très noirs à des comiques est très judicieux car le contraste avec ce qu'ils sont d'habitude dans leurs autres films ou à la télévision est saisissant. Timsit y gagnera une nomination au césar du meilleur acteur.

A côté de ces étonnants contres-emploi, la regrettée Marie Trintignant, Samuel Le Bihan, Agnès Jaoui ou encore Caroline Proust (madame Clovis Cornillac) complètent ce casting de choix.

Il s'agit d'un film montrant aussi la solitude d'un flic, de la difficulté qu'il peut avoir pour mener une vie de famille sereine (ce qui peut conduire jusqu'au suicide pour Philippe, le collègue d'Alain Chabat, au début du film, où à l'alcoolisme pour la femme d'Alain Chabat). Un métier où l'on ne compte pas les heures passées dans un sous-marin (une camionnette équipée pour les surveillances) pour les planques. Et finalement qu'un flic est avant tout un bon voyou puisqu'il traite ici avec des dealers. Ce qui rappelle l'affaire Neyret qui a déchiré la police lyonnaise en 2011.

C'est dommage que ce film n'ait pas eu de succès car il est très réaliste, précurseur de ce que sont aujourd'hui Le convoyeur, 36 Quai des Orfèvres ou Contre-Enquête. Surtout, en plus d'avoir un petit côté années 90 marrant (les supermarchés Continent, les chansons A quoi ça sert ? de Axelle Red, Aïcha de Khaled), il bénéficie de prestations très remarquées de Alain Chabat et Patrick Timsit (même si Timsit dans ses accès de colère fait un peu trop du Joe Pesci) que l'on a plus jamais revu dans de tels registres, ce qui est vraiment regrettable.
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le 9 août 2013

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