Un cinéma du présent caractérisé par une temporalité non altérée. Intimement matériel – où les corps s'éprouvent – notamment par de longues séquences, où chaque geste du quotidien se voit décomposé avec minutie, où nous éprouvons chaque effort en symbiose avec ces corps. Corps qui deviennent alors nos référentiels, notre perception du temps se voit peu à peu brouillée, immiscée dans une routine de vieillards d'apparence mortifère puis peu à peu se montrant débordante de vitalité. Les gestes du forgeron sont précis, d'une délicatesse saisissante, et cela même dans son quotidien où il s'économise dans chaque mouvement, contrastant avec une représentation souvent grotesque.
Nous sommes constamment ramenés au réel rustique, non seulement par ce filmage dépouillée, par ce cadre bucolique, mais aussi par une captation sonore analogue.
Entre autres ces plans serrés sur les labeurs de ce couple – principal intérêt du documentaire – quelques plans d'ensemble sur des paysages ruraux avec parfois quelques figures paysannes au travail. Situant dans un espace restreint les diverses structures du domaine, sans jamais relier celles-ci à une forme extérieure de civilisation. Sans toponymes. Un sentiment de solitude qui nous habite continuellement tout au long du récit.