Le Couteau dans la plaie par Cerise_V_
Film de 1962, très vieillit aujourd'hui, le Couteau dans la Plaie reste un incontournable des polars des années 1960.
Ce drame psychologique confronte la belle et réservée Sophia Loren à l'effrayant et troublant Anthony Perkins. L'italienne confrontée à l'américain pourrait-on dire. Litvak nous offre donc une confrontation bien plus morale que physique, même si le dénouement se révèlera être une confrontation physique.
Cette pression exercée sur sa femme par son mari soit-disant mort pour escroquer l'assurance vie donne au film une atmosphère malsaine et diabolique, accentuée par le noir et blanc et les effets d'ombres et de lumière sur les visages des protagonistes. En effet, l'esthétique du noir et blanc réside essentiellement dans la capacité du réalisateur à dépasser le simple clivage noir/blanc pour nous offrir au final une palette non négligeable, sinon pas de couleurs, mais au moins de tons variés.
Perkins, deux ans après son interprétation incroyable de Psychose, revient hanter le film avec le même sourire conciliant que Norman Bates. Mieux encore, la folie et la paranoïa de son personnage vont ici crescendo et ne laissent jamais entrevoir la chute du film. Face à lui, Sophia Loren en perd son anglais et se livre complètement au désespoir, interprétant ainsi une épouse déchirée entre le devoir et l'amour conjugal et sa conscience. Un être sombre et pronfondemment malhonnête opposé à un être blanc et pur? Bien sur, ce "cliché" a de quoi faire sourire, mais la main experte de Litvak nous hôte toute envie de moquerie tant ce film est un petit bijou cinématographique.
Litvak remue le couteau dans la plaie en brandissant une chute inattendue et profondément bouleversante voir même déroutante: du grand art!