A tous ceux qui avaient oublié que le cinéma n’a pas de fin en soi
A tous ceux qui aiment l’action pour la violence, et la violence dans l’action, passez votre chemin.
A tous ceux qui recherchent une émotion par le dialogue, et un dialogue en guise de dénouement, passez votre chemin.
A tous ceux qui cherchent à s’embrumer le cerveau, et à utiliser leur cerveau pour désembrumer une intrigue, passez votre chemin.
A ceux à présent, qui veulent vivre et apprécier un grand moment de cinéma, ne cherchez pas plus loin, pressez le bouton « play ».
Down by Law est une sorte de conte, une balade, une rêverie, une prouesse esthétique.
De trois êtres décharnés dont nous suivons le quotidien, en ressort une ambiance féérique et magique.
Tel un conte parmi tant d’autres conté par la Princesse Shéhérazade, nous arrivons au beau milieu de la nuit au beau milieu d’une histoire (qui n’en est pas vraiment une), pour la quitter avant la fin, au beau milieu de la journée et au beau milieu de nulle part.
Comment résumer un conte, sans en dévoiler le contenu et le caractère ?
Down by Law n’est pas un film de prison comme les autres. Si certains voient dans le O’Brother des Frères Cohen la continuité, voir même le remake de ce film, pourquoi pas ?
Le but ici est purement esthétique : le noir et blanc clinique contraste avec l’ambiance et le décors pas propre de la prison.
Au milieu de ce méli-mélo d’odeurs, de sons, de crasse et de violence, trois protagonistes se retrouvent, se rencontrent, se détestent, se prennent d’amitié, s’évadent (dans tous les sens du terme), partagent un instant de leurs vies respectives ensemble, et se séparent, sans ombrage, sans soubresaut, de la manière la plus naturelle qui soi : un conte.
Plus différents les uns que les autres, d’une voix de stentor ou de la voix la plus fluette qui soit, ils s’apprivoisent petit à petit. Si l’un persiste à clamer le complot et son innocence, le plus innocemment « original » et « simplet » des trois est l’auteur du crime le plus grave et violent qui soit.
Sans en dire plus, je vous laisse découvrir ou redécouvrir cet enchantement cinématographique, au rythme jazzy-Nouvelle Orléans de Lurie.
Un régal!
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