Le Crabe aux pinces d'or par Cinemaniaque
1947 : Claude Misonne vient de réaliser le premier long métrage d'animation belge, une adaptation d'un album de Tintin. Ayant souffert d'un budget ridicule, le film ne souffre pas que de lacunes cinématographiques : le producteur n'a pas eu les moyens de payer les droits d'auteur également. Moralité : alors que seulement 2500 spectateurs ont vu le film, ce dernier est retiré de l'affiche. La faillite du producteur jouant, le film restera invisible pendant plus de 50 ans, réapparaissant dans quelques rares occasions dans les années 2000 avant de connaître une sortie dvd en 2008.
Difficile d'être sévère avec ce premier film, pour le cinéma d'animation belge et pour Misonne d'ailleurs, cette dernière ne s'étant fait la main que sur deux courts métrages au préalable. Il y a bien sûr des soucis d'argent, et cela se ressent très (trop) souvent : plans sur des poupées fixes, trucages basiques, plans d'Anvers pour figurer un port marocain... Les bonnes intentions sont là, mais insuffisantes.
Surtout, il y a des lacunes indépendantes du budget : un profond manque de rythme, une bande son très pauvre, des séquences inutiles (notamment les moments musicaux, qui ne sont pas sans rappeler les ébauches de Disney à l'époque, Blanche-Neige et autres venant d'envahir les écrans à la Libération).
Certes, l'audace de Misonne de s'attaquer à l'animation, d'une part, et en particulier au stop-motion d'autre part est plus que louable et appréciable, mais ce genre spécifique requiert des compétences, du travail en amont et surtout des moyens financiers à la hauteur des ambitions du projet. Ce que n'a pas connu ce film, hélas, et n'en a pas épargné le résultat final.