De par sa belle sensibilité à mettre en scène l’homme et ses convictions profondes, à travers différents officiers de la marine de fort tempérament, Le crabe tambour est un film intéressant. Porté par un casting 5 étoiles, s'y enchaînent les confrontations entre certaines grandes gueules du cinéma français des années 70, Jean Rochefort et Claude Rich en étant des représentants de grande classe.
Mais si sur le papier, cette association de talent au service d’un récit fait d’aventure et de charisme endiablé a tout pour passionner, il s’avère bien rapidement qu’il faut adhérer à 100% à l’admiration que porte Pierre Schoendoerffer pour les hommes d’honneur qu’il met en scène, ainsi que pour leur vie courageuse de nomade intrépide, pour apprécier le voyage. En effet, si l’aventure maritime ne vous passionne pas outre mesure, que la vie militaire et le caractère inflexible des officiers qui la rendent possible ne vous parlent pas plus que ça, il y a fort à parier que, comme moi, vous trouverez le temps un peu long.
A mon sens, le personnage central du film, le crabe-tambour du titre, homme intrépide, sans peur et sans reproche, est tout simplement un peu trop vaporeux. Il manque de consistance pour réellement exister, pour atteindre cette aura que tente de lui dessiner Pierre Schoendoerffer sans jamais y parvenir. Il faut plus qu’un chat noir amorphe et une volonté féroce pour construire un personnage marquant. Les flashbacks qui sont censés lui donner de l’épaisseur se résument à des histoires de feu de camp trop légères pour réellement le caractériser.
Du coup, lorsque l’heure des retrouvailles se solde par un bref échange qui marque la fin du film, l’émotion n’y est pas, preuve qu’il a manqué quelque chose aux deux (très belles) heures contemplatives qui ont précédé. Peut être un peu plus de temps à l’écran du dit crabe-tambour aurait pu lui donner l’ampleur suffisante pour qu’il ne soit pas uniquement réduit à une légende lointaine alors que c’est sa voix qui marque la fin des hostilités.