Voici l'un des films les plus intéressants consacrés à la guerre du Pacifique, ce n'est pas une manoeuvre belliciste ou militariste à la gloire de l'armée américaine, puisque le film fut tourné lorsque l'Amérique était dans une période de paix, la guerre de Corée étant terminée. C'est une vaste fresque épique, une description passionnante et sensible d'un groupe d'hommes et de femmes sur lesquels la guerre agit comme un révélateur. Les personnages assez nombreux prennent une véritable dimension humaine et échappent aux stéréotypes du genre, car au fur et à mesure, l'amitié, l'amour, la crainte de mourir et l'espoir de vivre éclairent ces personnages, le réalisateur s'attache à ses héros dont on suit l'entraînement, les virées et les liaisons amoureuses, chacun révèle sa force et ses faiblesses, son endurance ou sa tendresse.
Raoul Walsh, considéré habituellement comme un cinéaste de l'action, renonce volontiers aux grands morceaux de bravoure militaire et aux amples scènes de combat qu'on rencontre dans ce type de production. Longtemps sous-estimé, le Cri de la victoire, malgré son titre un peu conquérant, reste comme l'un des meilleurs de Walsh qui brosse un portrait intéressant et parfois troublant de l'homme en guerre, à la fois une réflexion sur ce monde de la guerre et une belle étude psychologique servie par une interprétation solide et homogène, sans grosses vedettes, mais où se distinguent surtout Aldo Ray et Van Heflin.