Initiée par la rencontre entre un homme dépressif et une jeune femme fragile, cette intrigue psychologique feutrée prend progressivement, à l'apparition des premiers incidents, un tour policier et la dimension d'un fait divers provincial.
Le dessein de Claude Chabrol est d'associer à la personnalité déprimée et pessimiste de Robert une influence morbide, faisant de cet inoffensif dessinateur un type funeste, porteur de mort (n'apparait-il pas à Juliette-Mathilda May -symbole un rien grandiloquent- au milieu des flammes?). A vrai dire, Chabrol ne convainc guère tant le comportement et les dispositions psychologiques du personnage de Christophe Malavoy l'éloignent peu de la normalité.
Le film, sans perdre au demeurant de son intérêt, se montre simultanément insuffisant et excessif. Car les proportions dramatiques que prend l'intrigue semblent en décalage avec la nature très ordinaire des protagonistes. C'est aussi l'impression qui prévaut concernant le rôle de Juliette.
"Le cri du hibou" reste néanmoins un film chabrolien, où la noirceur cohabite avec l'ironie et la dérision, comme en témoignent les seconds rôles de JP Kalfon et Virginie Thévenet, le premier en commissaire de police désinvolte, la seconde en ex-épouse de Robert, perfide et revancharde.