Les romans ayant pour héros les époux Beresford sont des oeuvres mineures dans la bibliographie d'Agatha Christie.Moins connus et moins prestigieux que les "Hercule Poirot",les "Miss Marple",ou des unitaires comme "Dix petits nègres",ils n'ont guère excité les adaptateurs audiovisuels.Il y a quand même eu une série télé anglaise,récemment diffusée sur D8 sous le titre"Associés contre le crime".Pascal Thomas,ex grand réalisateur aujourd'hui à court d'inspiration,a eu l'idée saugrenue d'utiliser cette matière douteuse et a sorti en 2005 le calamiteux "Mon petit doigt m'a dit".Devant le surprenant succès de l'affaire,il a continué à labourer le sillon avec "Le crime est notre affaire" en 2008 et "Associés contre le crime" en 2012.En attendant peut-être d'autres épisodes,pourquoi pas.Emporté par son Agathachristiemania,il a même trouvé le temps d'intercaler dans sa trilogie, en 2007,"L'heure zéro",autre adaptation d'un livre de la romancière,sans les Beresford cette fois."Mon petit doigt m'a dit" était déjà mauvais,et Thomas nous ressert ici à peu près le même film;les deux opus se ressemblant énormément.Un crime supposé,une grande maison isolée,une famille bizarre,Prudence qui,faisant fi de son prénom,part enquêter seule,sans avoir autorité pour le faire et contre l'avis de son mari,multipliant les effractions de domiciles et les fausses identités,c'est tout pareil que le film précédent.Et comme dans le film précédent,on se fout royalement d'une intrigue sans intérêt et aux ramifications obscures.Car ce que veut nous vendre Pascal Thomas,c'est un concept,une ambiance.La mécanique repose d'abord sur le couple Beresford.Il y a Bélisaire,l'homme tranquille,distingué retraité des services secrets britanniques,sans cesse aiguillonné et excédé par les frasques de son épouse.Et il y a la remuante Prudence,qui joue les détectives amateurs parce qu'elle s'ennuie.Les rapports agités qu'entretiennent les deux personnages sont supposés nous amuser mais échouent à le faire à cause de l'humour bébête qui prévaut et de la personnalité agaçante de Prudence,démultipliée par l'interprétation maniérée de l'horripilante Catherine Frot,bien qu'elle soit légèrement tempérée par la sobriété d'André Dussollier.L'autre intérêt potentiel du film réside dans son look vintage.Mais le brouillage volontaire des pistes empêche d'adhérer au décorum ici présenté.On ne sait pas à quelle époque se déroule l'histoire.Les vêtements,les voitures sont du style années 40-50 mais certains détails sont très actuels,le télescopage ayant pour seul effet d'embrouiller le spectateur,et ce de manière totalement gratuite car ces mélanges n'apportent rien à l'histoire.Idem en ce qui concerne les touches insolites qui parsèment le film et s'avèrent inutiles,voire énervantes.N'est pas Bunuel,ni même Mocky,qui veut.Bref,on assiste à du cinéma à la fois faussement intelligent et faussement distrayant.Quelques bons seconds rôles comme Chiara Mastroianni,Hippolyte Girardot ou Christian Vadim viennent égayer ce sinistre tableau,au sein d'un casting oscillant souvent entre surjeu et transparence.