Aurait pu être presque parfait, mais non.
Le film est adapté d'une pièce de théâtre et certains plans sont magnifiques (je pense à celui en plongée extrême comme si le spectateur se tenait à une rambarde de balcon et s'immisçait dans l'intérieur de la maison comme un témoin, au début il me semble). En effet je trouve qu'ils rendent bien compte de la tension qui devient de plus en plus manifeste au sein de l'appartement dont nous ne voyons qu'une pièce ou presque, pièce qui devient piège, comme une scène de théâtre trop étroite se resserrant autour des personnages.
Bien interprété par Ray Milland (malgré une Grace Kelly peu convaincante), excellemment mis en scène, le film prend un bon rythme dans ce huit-clos, et culmine jusqu'à l'organisation de l'assassinat et la mise en œuvre du machiavélisme de Tony, plein d'assurance et d'ingéniosité.
Tout le problème est là : cette planification était censée être l'exposition du film, mais je l'ai ressentie comme l'apogée. Le film se maintient quelque temps grâce à la capacité d'improvisation de Tony pendant sa confrontation à l'inspecteur, mais plus le film avance, plus l'action traîne en longueur et l'on se languit avec elle.
Comble de l'exaspération, la fin : retournement invraisemblable de la situation (et encore, si ce n'était que la première invraisemblance : la soumission de Margot à son mari pour répondre à la police, l'enchaînement évidemment plausible de la montre arrêtée puis de l'attente devant la cabine téléphonique, la sortie de prison d'une condamnée à mort sur les ordres d'un simple inspecteur) avec l'arrivée de l'amant qui, évidemment a tout compris, épaulé par un inspecteur soudain soupçonneux.
Dernière touche insupportable, la musique. Il va de soi qu'elle est complètement dans le style de l'époque, donc mignonnement désuète, mais comment diable a-t-on pu pondre un tel monument de mièvrerie ?
En bref, un film qui commence plutôt bien, prometteur, mais finalement extrêmement décevant.