Vendeur de cravate, charlatan, Guillermo tu parles trop. Et en voix off. Épuisant.
Mais que tu es convaincant, sacripant. Quelle performance d'acteur, quelle audace, quelle fougue. Tu es drôle et inspiré. Tu es fou, tu es grand.
Précipitamment, je te fais un chèque en bois, te promets la lune, t'attribue l'intégral mérite de la réussite de l'équipe, divin titan unique porteur d'un film captivant et hilarant.
Tu m'as bien eu, bonimenteur.
Car tu n'es pas seul, loin s'en faut.
Monica, discrète et introvertie Monica, tu attendais ton heure depuis dix ans. Dix ans d'accumulation. C'est long. Dix ans de maturation.
Quelle explosion.
Folie furieuse ou doucereuse, timide, tremblante, possédée, sauvage, déprimée, libérée, amoureuse. Tu crèves l'écran.
Tout vous sépare. La mort vous uniera.
Cocasse union. Démentiel duo.
Vous êtes tous deux prisonniers l'un de l'autre, mortel huis-clos sentimental. Inextricable.
Le concept est vicieusement limité, l'ennui est à craindre. Mais vous êtes deux génies du mal en devenir, puissamment ridicules mais tellement spontanés. Quel duel, quels échanges, quel final!
Un couple solide comme le vôtre méritait une belle immortalisation sur pellicule, peut-être même une demande en mariage télévisuelle.
Mais il ne faudra pas engager le premier venu. Il faut une pointure, un battant pour suivre le rythme enlevé de vos folles aventures. Il vous faut un libre filmeur, un peu syphonné lui aussi pour transcrire la folie qui s'empare peu à peu de vos caboches.
Vous ne respectez rien ni personne. Égoïstes, vils personnages. Pourtant je m'attache à vous. Je rêve d'une fin heureuse, tire des plans sur la comète et tant pis pour la morale. Mais rien ne laisse présager de l'issue, tout est possible avec De La Iglesia, ce fourbe.
Peut-être aurez-vous droit au happy-end, peut-être la morale sera-t-elle sauve, peut-être tout ça à la fois, à l'américaine. Peut-être pas. La roue tourne.