Eaten Alive constitue un bel hommage au Psycho d’Alfred Hitchcock, hommage doublé d’une dégradation notable puisqu’en lieu et place du motel aux draps changés chaque semaine se trouve un bouiboui infecte dont le gérant, loin de la placidité d’un Norman Bates, agresse ses visiteurs dès les premiers instants de leur séjour. Nous retrouvons le même procédé d’un tournage en studios, le Starlight étant entièrement reconstruit, ce qui permet à Tobe Hooper de réaliser de longs et ambitieux mouvements de caméra ainsi que de composer une atmosphère poisseuse forte de couleurs inhabituelles – du jaune foncé, du violet, du rouge – renforçant ce sentiment de malaise devant l’étrangeté d’une Louisiane transfigurée, exagérée, dont la saleté et l’horreur s’exacerbent ici de façon paroxystique.
On retiendra du long métrage sa brutalité inouïe, rappelant qu’il a été tourné deux ans après The Texas Chainsaw Massacre, trouvant en le crocodile une métaphore de la bestialité humaine : l’homme apparaît ici comme un prédateur, soucieux de plier la femme à ses désirs et à ses névroses ; car il n’y a pas que Judd qui atteste un comportement animal, Roy, ce père de famille déséquilibré, ne peut s’empêcher de faire pleurer sa fille en lui remémorant la disparition du petit chien. L’homme, dans le cinéma de Tobe Hopper, est cruel et a le goût du sang, faisant de lui un être dégénéré qui tire de cette dégénérescence un lien direct avec une force primaire, voire primitive qui définit sa nature.