Le crocodile, il s'y allie, à tort.
L'avantage, après avoir vu Crocodile (2000) ou Mortuary (2005) de Tobe Hooper, c'est que lorsque je regarde un de ses films, je ne m'attends pas à regarder quelque chose du niveau de Massacre à la tronçonneuse, que je considère personnellement comme un chef d'oeuvre du genre horrifique que j'affectionne tant.
Le Crocodile de la mort, c'est une série B, et pas une des meilleures donc vous voilà prévenus et arrêtons avec les "OhMonDieuMaisQu'est-ilArrivéAuRéalisateurDeMassacre ?!?".
Le problème qui se fait très vite sentir, c'est que le Crocodile de la Mort fleure bon le film de commande : Spielberg fait mumuse avec un requin, Joe Dante rassemble ses piranhas, donc pour Tobe ce sera le crocodile. Malheureusement on sent surtout que le croco, Hooper il s'en bat allègrement les gencives, ce qui donne un titre et une affiche plutôt mensongère. Effectivement le crocodile ne fait que de rapides apparitions auxquelles aucun soin n'est apporté, le minimum syndical afin que son réalisateur puisse se pencher sur ce qui l'intéresse le plus : l'homme et ses perversions, sa violence.
Pour Tobe Hooper, on sent que le plus grand prédateur n'est pas celui qui barbote dans sa mare mais plutôt Judd, le patron d'un motel. Plutôt dérangé le type, autant vous le dire.
Donc pour les amateurs de reptiles enragés dont je suis, il faudra se contenter de bien peu de passages crocodiliens et, comme dit plus haut, loin de vous faire décoller de votre siège.
On suivra plutôt Judd, vétéran de guerre, le Vietnam semble-t-il, qui reçoit ses hôtes dans un motel plus crasseux que classieux autour duquel rôde donc un crocodile, mais ça, on s'en fout.
Judd a une marotte : assassiner avec une faux les rares clients qui ont le malheur de faire halte chez lui. Je ne juge pas, nous sommes à la campagne et il faut bien avoir des hobbys. Pour les besoins du film, en une soirée le motel accueillera autant de visiteurs qu'il n'en a vu passer dans l'année écoulée. Enfin ce n'est que mon avis mais je le partage.
On ne sait pas trop pourquoi Judd commet tous ces crimes, bien qu'on le devine marqué par la guerre vu qu'après chaque meurtre il ne peut s'empêcher de blablater à haute voix sur ce qui a tout l'air de réminiscences de ces années passées le fusil à la main. Bon, on le devine surtout frappadingue, hein.
Côté positif, Hooper parvient, au début, grâce à ses décors et à la personnalité inquiétante de son personnage principal à instaurer une atmosphère assez malsaine voir angoissante, à l'image de celle carrément glauque qui m'a tant marqué dans Massacre..., bien que moins réussie tout de même.
Le souci est que le film part vite dans tous les sens, trop vite, j'en veux pour preuve le résumé des dix premières minutes :
Une jeune-fille qu'on devine en fugue a été recueillie par une femme tenant une maison-close et portant une visière de tennis en plastique, et autant dire que si elle veut être nourrie et logée, la demoiselle devra passer à la casserole. Elle se refuse à son premier client (tiens ! le tout jeune Robert Englund !) qui lui proposait des choses et des machins que la décence m'empêche de reproduire ici et la voilà mise à la porte, sans autre forme de procès. Désespérée, elle n'a d'autre choix que d'aller prendre une chambre au Starlight Hotel, situé non loin de là (alors qu'il semble tout de même assez isolé pour qu'un crocodile s'y promène peinard en liberté sans déranger le moins du monde le voisinage).Ce bon vieux Judd, par le décolleté de la jeune-fille alléché tente alors de la violer, elle se débat, il la tue de quelques coups de fourche... Manque plus que de se débarrasser du corps en le jetant en pâture au reptile affamé... DIX MINUTES, BORDEL !
Et entre le père et la soeur de la jeune-fille qui sont à sa recherche, un couple en crise et leur gamine insupportable, le chien Snoopy qui veut faire trempette, un singe mort dans une cage (pourquoi ?) et les autres futures dîners en puissance qui vont se succéder au motel cette nuit-là, autant dire que l'impression de bordel (en tout bien tout honneur cette fois) foutraque ne va cesser de grossir, grossir jusqu'à malheureusement faire tomber le film dans le ridicule, purement et simplement.
Niveau casting, j'ai personnellement trouvé que Neville Brand, le patron d'hôtel psychopathe, en faisait beaucoup trop ce qui fait que l'on peine à avoir peur en le voyant tour à tour geindre, gueuler, courir en tout sens avec sa faux... Et j'en passe. Par contre, j'ai aimé voir Robert Englund tout blondinet, bien qu'il joue le rôle d'un vrai conna... d'un mec tête à baffe, et retrouver Marilyn Burns, déjà présente dans Massacre à la Tronçonneuse. Mais si, enfin : la jolie blonde qui hurle, et hurle et hurle encore ! A noter qu'elle nous fera à nouveau profiter de son bel organe.
En somme, plus une curiosité qu'autre chose car oscillant trop entre deux trames et s'y perdant, manquant de rythme, Le Crocodile de la mort n'est pas un bon film, ni même une bonne série B. On sent l'envie de faire renaître l'ambiance poisseuse de son Chainsaw Massacre, mais c'est loupé.
Et maintenant, Tobe : tu laisses ces fichus crocodiles en paix !