Sacré meilleur film de l'histoire du cinéma à l'Exposition Universelle de 1958
Le Cuirassé Potemkine s'inscrit dans une rétrospective sur la Révolution de 1905, commandée par le gouvernement soviétique de l'époque. Et ce qu'il faut bien reconnaître à son réalisateur, le grand Sergei Eisenstein, c'est qu'il sait aussi bien filmer que faire de la propagande, puisqu'il s'agit du but avoué de ce long-métrage. Les deux se mêlent pour un résultat vraiment réussi : c'est parce qu'elles nous montrent la fougue d'hommes résolus à conquérir leur liberté que certaines scènes gagnent une puissance prodigieuse, tandis que d'autres scènes choquent en nous dépeignant l'horreur de la répression exercée par le régime tsariste. Les thèmes se prêtent à la création de moments épiques et forcément d'anthologie, comme lorsqu'un marin appelle ses camarades à la révolte.
Mais le passage le plus fort, et probablement l'un des plus connus du cinéma russe, reste l'affrontement des habitants d'Odessa et des soldats du Tsar, à force d'innombrables morts et de femmes en pleurs, sur l'escalier Richelieu, aujourd'hui rebaptisé escalier Potemkine. De nombreux films font référence à cette séquence mythique, dont The Untouchables (Les Incorruptibles) de Brian de Palma.
En bonne œuvre de propagande, Le Cuirassé Potemkine s'en prend de manière à peine déguisée au Tsar, aux Cosaques, aux riches, et aux contre-révolutionnaires, tandis qu'il magnifie les pauvres, les ouvriers, les sans-grades, et les révolutionnaires, d'une façon qui peut difficilement être prise au sérieux, mais qui permet au réalisateur de créer des scènes aussi grandiloquentes que soignées, parfois même audacieuses. J'aime cette époque du cinéma où presque tout restait encore à inventer, et où les réalisateurs n'hésitaient pas à expérimenter de nouvelles façons de filmer, même si la qualité n'était pas toujours au rendez-vous ; ce qui n'est pas le cas ici, bien au contraire.