Comment parler du "Cuirassé Potemkine" ?
Difficile sans doute de juger sereinement de ce film fondateur du cinéma, littéralement statufié, désigné souvent comme l'un des des plus grands films du monde, après tout ce que l'on a en a lu, et qui influencera forcément l'expérience. Au fil de l'incroyable quatrième acte (celui qui vaut au film sa réputation), celui des escaliers d'Odessa et de la célèbre scène du landau, on peut donc (re)découvrir l'intuition géniale de Eisenstein, réalisant à la fois la matrice définitive du cinéma avant-gardiste (montage destructuré, narration abstraite) et le modèle absolu de ce qui deviendra l'obsession des marchands d'Hollywood : violence, vitesse, quête du spectaculaire, mais surtout utilisation souveraine de l'effet (la mise en scène) au service du récit. [Critique écrite en 1980]