Rarement film m'a(vait) autant fasciné.
Rarement je ne m'étais autant coulé, à cette époque, dans l'ambiance d'un film si atypique.
Rarement ou jamais je ne m'étais à ce point découvert crispé sur les accoudoirs au moment d'un générique de fin libérateur.
Peter Greenaway, réalisateur britannique névrotique (pléonasme ?), a poussé une partie des ses obsessions jusqu'à une certaine forme de paroxysme. Tout en restant, d'une certaine manière, suffisamment cohérent dans sa démesure (oxymore ?) pour donner à l'ensemble un goût unique.
Par la suite, après ce film, Greenaway se laissera aller trop librement vers ses inclinaisons délirantes, trop loin, et mon sens il se perd et nous perd.
Mais ici, le résultat est fascinant.
Comment décrire ce film ? Par des touches de couleurs, des flashs de sensation, des bribes de dialogues surréalistes.
Des travellings hypnotiques entre la salle de restaurant (rouge) et les cuisines (vertes), des apparitions de Richard Bohringer à l'accent anglais improbable, l'impression de "sentir" vraiment quelque chose pour la première fois tellement ce qui se dégage d'un camion frigorifique à l'abandon semble palpable, un voleur...hmmm, vraiment toxique, et enfin et surtout une scène finale de cannibalisme... inoubliable.
J'en suis conscient, une telle description pour quelqu'un qui n'aurait pas vu "le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant" peut franchement rebuter. Une œuvre dans laquelle on entre ou pas. Mais si on y entre, c'est forcément de plein pied !