Réalisé par Richard Rich, à qui l’on doit notamment Rox et Rouky ou encore le très déprécié Taram et le Chaudron Magique, Le Cygne et la Princesse est une adaptation grand public du magnifique ballet de Tchaïkovski. Bien que très libre, on y retrouve quelques-uns des éléments-clés de celui-ci, dont la malédiction, une princesse, un prince, un sorcier, et bien sûr l'amour comme intrigue principale.
En parlant d’amour, l'on peut saluer l’originalité avec laquelle la romance entre les deux jeunes gens a été traitée. Pour commencer, ceux-ci ne s’aiment pas au premier coup d’œil, une rareté dans un dessin animé. L’on voit donc avant tout deux enfants, destinés à devenir mari et femme, qui ne peuvent pas se supporter. Ils se joueront des tours plus tordus les uns que les autres, avant de se retrouver quelques années plus tard... et là c’est le coup de foudre.
La scène où ils se dévisagent longuement pourrait être considérée comme celle où commence réellement l'histoire. Les deux amants ont mûri, commencent à voir de la beauté chez l'autre, mais cela ne suffit guère (comme le souligne d'ailleurs la princesse à son fiancé: "Est-ce que la beauté est tout ce qui t'importe ?"). Les choses se compliquent d'autant plus lorsque l'antagoniste entre en scène et kidnappe la princesse, forçant le prince à partir à sa recherche. Lors d'un passage particulièrement intense, celui-ci manquera même de tuer sa bien aimée en la confondant avec son ravisseur. Pour une fois, les choses sont un peu plus corsées que le sempiternel "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" !
L’on pourrait croire (à raison) à une certaine dureté du film, mais celui-ci demeure tout de même pour la famille. En témoigne son lot de de personnages burlesques, qui promettent au spectateur des moments de rigolade absolue : il y a bien sûr l’incontournable trio de sidekicks (une grenouille persuadée d’être un prince, une tortue plus rapide qu’il n’y paraît et un toucan à la discipline militaire farfelue), mais aussi des seconds rôles déjantés parmi lesquels un chambellan maladroit, un chef d’orchestre cynique, une troupe de musiciens blasés… Même le méchant se paye le luxe de quelques instants de bouffonnerie ! Sans compter son acolyte, une petite sorcière rabougrie, qui porte à elle-seule l’une des scènes les plus hilarantes du film.
Ajoutez-y quelques jolies chansons qui n’ont pas grand-chose à envier aux partitions des studios aux longues oreilles, de jolis châteaux en aquarelle et des séquences de transformations sublimes, vous tenez-là un petit bijou d’animation comme on n’en fait que trop rarement.