Il y a peut-être l’attrait Dujardin, pour attirer les spectateurs, ou les admirateurs de Quentin Dupieux qui apprécient son côté hors sentiers battus, ses clins d’œil déroutants et salutaires.
Mais là c’est un autre personnage que Dupieux nous propose. Le premier rôle revient à un blouson de daim que Georges (Dujardin) achète à un vieux original, installé haut dans la montagne. Blouson à franges, improbable trouvaille qui ne peut se trouver, comme un trésor, que dans les ‘bon-coin’ des temps modernes.
"Quelle allure, quelle classe" et quelle trouvaille pour Georges qui est loin de son monde, de sa compagne (viré) et se fait, ô surprise, cinéaste ! Il s’invente un métier et va trouver une aspirant monteuse qui en rêve de le devenir. Interprétée par Adèle Haenel, juste dans sa naïveté et lucidité !
Le cadre est posé, le daim aussi. Progressivement, d’autres accessoires, essentiels, comme le chapeau, le pantalon, les gants… vont habiller l’apprenti cinéaste qui va construire un vrai scénario avec un thème marquant. Celui d’un autre rêve, il s’agit de son blouson que dans des moments intimes lui confie « mon rêve, être le seul blouson au monde ».
Georges devient ainsi le réalisateur d’un film tout voué au rêve de son blouson et les figurants vont contribuer (malgré eux) à cette enlevée mission "plus jamais je ne mettrai de blouson" et se voient privés du leur, après le serment devant la caméra.
Ce "tueur en série" nous réjoui dans cette forme d’aimer la dérision, le déraisonnable et la belle séquence finale, sur fond de montagne, de règlement de comptes et d’une virevoltante Adèle seule au monde avec le blouson à franges, garanti daim…
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