Bon un an après l'avoir reçu, j'entame enfin le coffret DVD de la trilogie de la vie par Le Decameron. En premier lieu je tiens à dire que ce que j'ai vu de Pasolini jusque là c'était grandiose ou presque. Théorème et Salo m'ont estomaqué, m'ont marqué au fer rouge et je suis toujours prêt à guerroyer contre les vils détracteurs de ces films. Et des Oiseaux petits et gros était un film léger et d'une grande fraîcheur qui me laissait présager du bon voire de l'excellent pour sa trilogie de la vie. Le moins que l'on puisse dire c'est que cette entrée en matière qu'est Le Decameron m'a déplu. Je l'ai trouvé atrocement lourd. Pourtant on ne peut pas enlever à Pasolini son sens de la mise en scène, sur la forme c'est bien lui il n'y a aucun doute (même si par instants c'est quand même franchement dégueu). Mais d'un autre côté, je me suis juste senti exclu de son film à de rares exceptions près. Ça surjoue à mort, ça gueule tout le temps (et avec une post-synchro d'une nullité abyssale en prime), la critique de la religion chrétienne n'est pas fine pour deux sous et on voit des seins très laids qui ne donnent même pas envie d'être pelotés. Pourtant dans l'idée, je trouve Pasolini brillant. Que ce soit au niveau de certains dialogues anachroniques ou de certaines séquences bien subversives, on peut dire qu'il y a de l'idée. PPP filme ce qu'il veut, est un cinéaste libre et il ose. Mais ça ne me touche pas dans ce cas-ci, et pire ça m'emmerde.
Jamais envoûté, jamais vraiment intéressé. Je retiens quand même le passage du meurtre commis par les trois frères, inouï de noirceur et de violence psychologique, et le passage de la "jument" qui est le seul à m'avoir vraiment fait sourire. Quant au reste je l'ai trouvé intensément lourdingue. Non, des nonnes mal épilées et à la synchro labiale ratée qui vont se faire tirer à la chaîne par un mec ça ne me fait pas rire et c'est même pas beau, même si je comprends l'aspect "mécanisation" du sexe représenté ici à l'écran. Quand à la blague caca du début c'est sans commentaires (bon ceci dit, ma blaguounette en titre de critique n'était pas plus fine non plus) . Du coup, j'espère que les deux autres films de la trilogie rattraperont cette déception que j'ai sévèrement en travers de la gorge. Le Pasolini que j'aime peut très bien être très subtil dans son déroulement à la manière d'un Théorème ou très direct à la manière d'un Salo, mais là j'ai l'impression que toutes ses idées s'éparpillent dans tous les sens dans un gigantesque gloubi-boulga mêlant la noirceur typique de l'oeuvre de PPP à un humour particulièrement pataud, crétin et épuisant (pour ma part hein, chak1 c guou lol). Ce n'est pas le Pasolini que j'aime. Dommage que je n'ai retrouvé celui-ci que dans la dernière réplique particulièrement géniale, le rapport à l'art semblant être quelque chose de cher à l'auteur. Allez, je suis sûr que j'aurais quand même l'occasion de me reprendre quelques baffes chez Pasolini à l'avenir.