Comment les spectateurs, fort nombreux, réagirent-ils aux projections du Défroqué, lors de sa sortie en 1954, et notamment les fervents catholiques ? Faute de le savoir, voir aujourd'hui le film de Léo Joannon, assez bon artisan du cinéma français, reste une expérience fort intéressante, en essayant de se mettre au diapason d'une époque qui avait d'autres valeurs que celles d'aujourd'hui. Il y a une extrême violence dans ce portrait d'un ancien prêtre qui n'a de cesse d'insulter la religion, alors même que ses amis l'ont embrassée, y compris l'un deux, rencontré au stalag, qui se déclare son disciple. Ce mélodrame passionnel est à la fois brillant dans sa narration et assez souvent au bord de la rupture et du ridicule, avec deux scènes en particulier, dantesques : celle du cabaret et celle du dénouement. Et l'on ne peut qu'être impressionné par la performance de Pierre Fresnay, complètement habité par son rôle. Dans ce combat entre Judas et Jésus, où tous les coups sont permis, le spectateur se mue en arbitre et évite de peu le K.O technique. Une sacré film, dans toutes les acceptions du terme.

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le 6 févr. 2024

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