Pas le plus connu des films de Renoir, c’est pourtant un de mes préférés. A travers cette fantaisie bucolique, le cinéaste oppose technique de la science, course au progrès et aux profits, à la beauté sauvage et indomptable de la nature. La rigidité et le pragmatisme des capitaines d’entreprise et des savants est mise à mal par la jeunesse et leur soif de liberté. Grâce à l’intervention du dieu Pan, qui apparaît sous les traits inoffensifs d’un vieux paysan accompagné de son bouc, Renoir redistribue les cartes lors d’une magnifique scène de tempête, filmée comme un tableau animé. Un vent de folie s’empare littéralement des protagonistes les plus coincés, il emporte même définitivement le brave professeur joué par Paul Meurisse, si cartésien à la base, vers une philosophie plus païenne et archaïque, aidé en cela par les formes généreuses d’une jolie nymphe il faut dire. Les thèmes développé par Renoir n’ont rien perdu de leur pertinence bien au contraire, dans le monde réel, les industriels semblent l’avoir emporté sur le dieu Pan, espérons que ce soit que provisoire.