Voilà un petit film noir méconnu et pourtant bien sympathique. J'aimais l'idée de départ, celle d'une femme manipulatrice qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Dès les premières minutes, on assiste alors à la genèse d'un scénario noir teinté de cynisme et sans aucun manichéisme. Ligne de conduite qui rendait le film vraiment captivant pendant la majorité de sa durée grâce à un personnage principal dénué d'humanité et de sentiments. Le problème c'est que cette ligne de conduite s'estompe hélas vers le dernier tiers du film pour lorgner davantage vers la romance et retrouver également une moralité. Et c'est vraiment dommage car pendant une bonne heure on tenait un film prenant et à l'ambiance vraiment sombre, très sombre même quand on connaît les moeurs américaines de l'époque. Mais malheureusement, celles-ci ont pris le pas vers la fin pour nous offrir un dénouement convenu et sans saveur. Et au risque de me répéter, ça dénote trop par rapport à la qualité du scénario machiavélique auquel nous assistions précédemment.

Car le film est quand même plutôt bien maîtrisé dans son ensemble même si il demeure assez prévisible. Néanmoins il y a toujours cette envie de voir jusqu'où cette femme peut aller, ce qui rend l'intrigue vraiment intéressante. L'interprétation est globalement de qualité, j'ai beaucoup aimé l'acteur qui jouait le rôle d'Ephraim mais c'est surtout George Sanders qui illumine l'écran de son talent dès son apparition. Dommage d'ailleurs qu'il arrive pendant les instants les moins palpitants du film. En revanche j'ai eu un peu plus de mal avec Hedy Lamarr. Si le personnage bénéficie d'une solide écriture d'ensemble, le jeu de l'actrice est hélas trop maniéré, sans que ce soit une catastrophe pour autant fort heureusement. Le film est vraiment plaisant et propose aussi quelques instants de cinéma plutôt intenses. La dernière visite dans le cabanon d'Ephraim est notamment assez glaçante. The Strange Woman est un film vraiment sympathique dans l'ensemble mais je lui reproche toutefois ce côté un peu mécanique. Disons que ça aurait pu être plus tourmenté et axé sur l'obsession qu'éprouvent les hommes pour Jenny, un peu à la manière du Laura de Preminger par exemple. A la différence qu'ici on a un personnage féminin qui veut le mal et sème le mal en abusant de ses charmes. Ceci dit le film n'est pas exempt de qualités, ce qui en fait un petit plaisir de cinéma divertissement sans être forcément inoubliable. Un peu inégal mais agréable en somme.
Moorhuhn
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le 4 mars 2015

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