Black sabbath sous ventoline

Aussi peu réussis puissent-ils être considérés par certains, on ne peut pas retirer à des films comme Underworld ou Priest de savoir, au choix, poser une mythologie (Underworld) ou définir un monde crédible sous influence permettant de distiller un sous-texte pas si bête qu'il n'y paraît (Priest, avec ses allures de néo western chrétien).

Voilà résumés à gros traits les défauts et les tares congénitales de ce Dernier Chasseur de Sorcières, destiné à être, malgré son titre, le premier d'une digne lignée de films ésotéro-lights.

Le Dernier Chasseur de Sorcières se passe de nos jours, dans une modernité qui peine à laisser s'épanouir le merveilleux, la magie et ses émissaires chevauchant le balai. Difficile dès lors de croire à cet ordre séculaire chargé, via un bras armé, de protéger une fragile trève entre humains et sorcières. La mythologie, quant à elle, est assénée sans guère d'explications. Ne vous attendez pas à connaître le pourquoi du comment. C'est plutôt "moi vois sorcière, moi tue", turlututu chapeau pointu.

Pourtant, l'oeuvre commence dans une atmosphère moyennageuse qui aurait pu faire l'objet d'un film à elle toute seule. Sauf que la séquence d'après refroidit sacrément avec ses mêmes plans interchangeables de ville américaine surpeuplée. On arpente ici des chemins mille fois empruntés. sans surprise, sans passion, quasiment sans éclair de génie. La faute au transparent Breck Eisner, dont on se demande s'il n'a finalement pas été adopté par l'illustre pater. Il filme platement, sans punch, avec des ellipses qui laissent parfois songeur. Cela ressemble d'ailleurs plus d'une fois à une juxtaposition de séquences plus qu'à un vrai film, pour la plus grande déception du spectateur.

Pourtant, de temps à autres, on se surprend à penser qu'il y a une idée qui, si elle avait été bien exploitée, aurait pu donner une toute autre étoffe au film. Comme cette sorcière perceuse de rêves, concept aux faux airs d'Inception. Dommage seulement que ces séquences ne servent qu'à filmer une lumière mordorée dans une pâture derrière le studio avec Vin Diesel en peau de bête ou dans une ferme normande très 1430 avec femme et enfant.

Le final, à l'exacte image du film dans son entier, s'avère être asthmatique, manquant terriblement de souffle et d'inventivité. Surtout, il semble voler en mode rase mottes alors qu'avec un tel matériau, dans d'autres mains moins paresseuses et plus inspirées, il aurait pu tutoyer le ciel de la grande série B déviante, jouissive et déglinguée. Au lieu de cela, le spectateur voit que la direction artistique est quelconque, le créature design assez fade malgré des idées, que le scénario suit la mode du twist rance et que les combats sont avortés alors qu'ils annonçaient quelque chose de pas mal. Ainsi, il n'aura à se mettre sous les yeux que trois ou quatre plans assez bien composés et une micro scène assez bien pensée pour donner le change. J'allais oublier la fonction du personnage féminin, malheureusement mal exploitée.

Je m'étonne, pour finir, d'avoir pu voir ce Dernier Chasseur de Sorcières dans une salle obscure, tant celui-ci relève plutôt d'une distribution en VOD ou en direct-to-video tiré des gondoles promos. déceptif, manquant de panache et de grand spectacle, à quel film a-t-il interdit de bénéficier d'une exploitation cinéma ? Mystère.

Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais on la brûle quand, finalement, cette sorcière ?

Behind_the_Mask, qui reconstitue un bûcher derrière chez lui.