Ce film dont le titre français semble être un hommage direct à son interprète principal, prend une résonance assez prophétique lorsqu'on sait que John Wayne disparaîtra d'un cancer comme John Books, le héros de ce western, redoutable tireur d'élite quasi légendaire qui apprend qu'il est atteint d'un cancer incurable. Dernier film de Wayne dans lequel certains spécialistes ont vu son testament cinématographique, il lui ressemble un peu car la fin du héros semble bien symboliser la fin de l'acteur qui a tant donné au western. Et d'ailleurs Don Siegel fait s'identifier son film complètement à John Wayne par l'intermédiaire d'extraits de ses plus célèbres films qu'il intercale habilement pour illustrer les exploits passés de Books.
Siegel délaisse ici son style percutant qu'il a montré dans ses films tournés en compagnie de Clint Eastwood, pour préférer une peinture nostalgique de la toute fin du XIXème siècle et du début du XXème (l'action se situe en 1901) ; c'est la fin d'un monde qui correspond aussi à la fin d'une vie, le tireur d'élite malade et condamné, est devenu anachronique dans un siècle et un Ouest en mutation où apparaissent les premières automobiles. Le héros n'a plus sa place, il doit disparaitre.
Vieilli, usé, fatigué et désabusé, John Wayne livre ici son dernier combat face à une bande de hors-la-loi et livre une interprétation touchante dans la peau de ce vieux héros qui veut partir en beauté, Siegel lui offre un ultime duel lors d'un règlement de comptes mémorable, belle façon pour le Duke d'achever sa filmographie. Un western désenchanté qui n'est donc pas celui de trop pour Wayne, même si de par son état de santé, le film n'a plus rien de ses westerns d'antan, se révélant statique, bavard et même parfois ennuyeux, l'action y est très réduite. Ma note est donc en conséquence, avec un peu d'indulgence. Le scénario a tendance à appuyer le caractère de son personnage qui affiche un certain panache pour sa dernière sortie, et l'acteur en plus se retrouve très bien entouré par son vieux complice James Stewart qu'il retrouvait depuis L'Homme qui tua Liberty Valance, Lauren Bacall, Richard Boone, John Carradine, Bill McKinney, Sheree North, Harry Morgan... et le jeune Ron Howard quand il faisait encore l'acteur.
Mais comme le personnage du Dernier des géants, le 12 juin 1979, John Wayne n'a pu finalement venir à bout de sa dernière épreuve, dans cette mort qui a longtemps rôdé autour de lui et qu'il avait réussi à repousser plusieurs fois depuis 1965.