Le Guerrier des vallées perdues

Le retour d'un soldat après la Guerre de Sécession dans sa famille trouble son apparente tranquillité. Leurs voisins volent les proies des honnêtes chasseurs, ce qui ne convient pas à Wade, le revenant, voyant les siens crever de faim. Prenant pour modèle initial L'Homme des vallées perdues (George Stevens, 1953), ce western de série B est plutôt bien écrit : Wade bouleverse le statut de père avec qui il est en désaccord sur la façon de tenir leur famille, devient l’idole de l'enfant qui en fait son père spirituel. Comme dans le sur-western original, on retrouve un intérêt déplacé ici vers la romance à la manière de Roméo et Juliette avec un garçon d'une famille pauvre et une fille… d'une famille encore plus pauvre. Elle sera l'élément déclencheur d'une guerre de clans furieuse et sanglante libérant la haine (le vol, le meurtre), la tristesse (la mort de celle qui était une sœur, une épouse et une mère), la jalousie (le montage alterné entre Wade qui frappe violemment le prétendant de sa nièce et ce dernier en train de couvrir de baisers la jeune fille).

Il s'agit d'un film maîtrisé dans une volonté d'une représentation réaliste de l'Ouest américain ravagé par la guerre : sale, poisseux et démuni. Les décors comme les costumes de bonne facture pour ce type de production participent à une vision plus proche de la vérité historique : le dépeçage de bêtes filmé assez crûment se rapproche par exemple du quotidien des chasseurs de l'époque. Les personnages ne sont ni totalement bons, ni totalement mauvais : baignés par des zones d'ombre, ils se battent pour ceux qu'ils aiment, même si cela doit impliquer le pillage et le massacre. Le jeu dramatique des acteurs les interprétant est soutenu à commencer par James Badge Dale (déjà très bon dans la série Band of Brothers) remarquable en soldat traumatisé voulant défendre le peu qui lui reste.

Malgré sa fin incohérente, Le Dernier des guerriers est un western de série B de qualité où la tension familiale dans le milieu paysan est bien écrite et mise en scène.

Ma critique de la bande-originale du film composée par Hanan Townshend :

https://www.senscritique.com/album/Echoes_of_War_Bande_Originale/critique/302911825