Le duel de trop
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le 13 oct. 2021
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Une très très bonne surprise de papy Ridley qui signe ici pour moi un retour flamboyant, me faisant oublier les dérives successives que l'on a malheureusement connues depuis Gladiator.
Film de costume certes, mais qui convoque les héritages de The Duellists (que j'aime énormément) et Thelma et Louise (très très grand film).
Adoptant une structure semblable à Rashomon (pour invoquer directement les gros mots) depuis largement réinvestie, il s'agit de superposer les points de vue sur un fait divers survenu à la fin du Moyen Âge : le viol de Madame de Carouge, dans notre verte Normandie.
De ce vert ne subsiste que quel rares pigments, le parti pris photographique partant très loin dans la dessaturation et un froid presque mortifère. Les paysages splendides et numériquement reconstruits sont franchement magnifiques, et ne trouveront que de très rares contrepoints par certains intérieurs dont la chaleur ne viendra que souligner le décalage d'un Viconte vautré dans la luxure et les plaisirs de la chair.
Dans ces paysages rendus austères, évolueront trois personnages principaux donc, pour trois chapitres : l'écuyer Jean De Carrouges (Matt Damon), l'écuyer Jacques Le Gris et pour finir Madame Marguerite de Carrouges (Jodie Comer).
Le film s'applique à étudier et détailler non pas les mœurs d'une époque, mais les rapports de genre par biais peut-être hypertrophiés, mais toujours bien actuels. Comme pour souligner que les époques passent, mais les problématiques évoluent toujours trop peu.
Il est donc question d'honneur bafoué et mal placé, de la notion de propriété et d'appartenance, du consentement et bien entendu de la remise en question de la parole des victimes de viols et le traitement sociétal qu'on leur applique.
C'est peut-être sursignifié, parfois trop démonstratif, mais je pense que cela reste nécessaire.
C'est Red-flag : the Movie. Clairement, si vous êtes une femme et que votre mec adopte un comportement de l'un des personnages masculins (n'importe lequel) : barrez-vous.
Le procédé cinématographique peut sembler lourd, parfois répétitif, mais les nuances apportées soulignent précisément les problématiques tristement toujours d'actualité, quand les petits arrangements ou les perceptions biaisées s'érodent dans le dernier acte.
Le simple problème de domination patriarcale sortant bien entendu de l'intimité des chambres, vous trouverez un florilège d'occasion d'apprécier la dégueulasserie humaine, tout particulièrement à l'encontre du clergé (c'était savoureux). Oui oui, on ne s'assagit pas avec le temps, le monsieur est toujours aussi misanthrope.
Pour ne rien gâcher, le monsieur a toujours une compétence plastique intacte et parfois sidérante, ce qui le rapproche à mes yeux complètement d'un George Miller dans cette intention : un film féministe qui n'oublie pas de dérouler de la grosse action qui tâche.
Honnêtement pour le fameux Last Duel, j'étais en train d'exploser les accoudoirs de mon fauteuil tellement la tension était complètement folle.
Je termine sur le casting du film impeccable : le trio de tête propulse complètement le film, braquant les projecteurs sur une Jodie Comer venue du monde des séries que je n'avais pas encore découverte.
Petit fun fact : le film a été co-écrit notamment par Damon et Affleck, mais on est loooooooooin de Will Hunting (et ils ne se donnent clairement pas le beau rôle, ça ça me fait plaisir).
TL:DR : J'ai vraiment beaucoup aimé le film et je vous le recommande très chaudement.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Qu'est-ce que je regarde en 2021 ? et Les meilleurs films de 2021
Créée
le 21 oct. 2021
Critique lue 241 fois
3 j'aime
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