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C’est dans un rituel matinal que s’ouvre Le Dernier Duel. L’habillage d’abord, étoffes et tissus pour la femme, fers et mailles pour les deux hommes, puis l’annonce des règles par le héraut comme le coq annonçant le lever du soleil. L’issue de ce duel à mort sera un renouveau pour l’un, aube d’une nouvelle vie, tandis que ce sera la fin pour l’autre, crépuscule de celle-ci. Introduction qui dépeindra le reste du film, un univers où la violence masculine ne trouve sa résolution que dans une violence supérieure : celle qui inflige la mort.


Malheureusement prometteur, *Le Dernier Duel* est une déception, ne sachant éviter la caricature du Moyen Âge, et dont les intentions maladroites ainsi que la mauvaise maîtrise cinématographique et narrative en font un échec.  Les auteurs ne confèrent  à leur œuvre qu’un ton pessimiste et manichéen où les seuls modèles existants se résume au vice masculin ou à la souffrance féminine.  L’homme de basse condition (Jean de Carrouge) est rustre, austère et ne s’échappe de sa condition que par la guerre, son opposé l’homme lettré (Jacques le Gris), s’il échappe aux travers du premier ne se trouve être qu’un libertin abusant des femmes.  Le film s’inscrit dans l’imaginaire d’un siècle médiéval réduit à un âge sombre, où la noblesse ne cherche pas le bien commun ( Pierre d’Alençon) et où la fonction royale se résume en un Charles VI stupide qui n’a que faire de la justice, mais veut juste se divertir devant un duel à mort. 
Ensuite, le long-métrage de Ridley Scott fait le choix d’un modèle à la *Rashōmon* où l’histoire est divisée en chapitre correspondant chacun à un témoignage d’un protagoniste impliqué dans l’affaire judiciaire, mais en fait un mauvais usage. Alourdissant le récit, présentant des scènes en doublons et n’apportant que peu d’éléments nouveau, le chapitrage n’a finalement que peu d’intérêt. Pire encore, nous est bien signifié que le chapitre trois sera celui de la vérité, rendant les précédents sans importance et sans valeurs, détruisant toutes possibilités de doute et d’enjeux.
On comprend donc que le but du film est de traiter du viol et de la libération de la parole, écho au mouvement MeToo. Le décor du film ne servant alors que de prétexte pour aborder ces thématiques. Intention évidemment louable et thèmes loin d’être inintéressants mais anachronique. Ben Affleck , Matt Damon et Nicole Holofcener avec leur scénario ne proposent qu’un discours consensuel et binaire pour un récit convenu et sans aucune subtilité.
La mise en scène de Ridley Scott quant à elle reste académique, sans touche personnelle, n’atteignant aucuns sommets, même dans les scènes de combat qui restent brouillonnes. Les très bonnes prestations du trio Matt Damon, Adam driver et Jodie Comer, ainsi que la belle reconstitution ( Paris et Notre-Dame notamment) ne sont pas suffisantes pour effacer les défauts précédents.

Film vidé de toute substance, au service d’un discours contemporain qui ne peut que s’exprimer maladroitement dans cet univers réduit à la caricature, le réalisateur du superbe *Les Duellistes* semble être le grand perdant de ce dernier duel.
_Hella_
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le 1 nov. 2021

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Julien

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