Merci Monsieur Scott

Ce film raconte l'histoire de trois protagoniste : Jean de Carrouges, Jacques Le Gris et Marguerite de Carrouges (la femme de Jean). L'histoire est simple Jean et Jacques sont amis mais vont petit à petit devenir rivaux. Puis Jacques tombent amoureux de Marguerite la femme de Jean et va la violer un jour où elle était seule au château. Simple efficace.

L'histoire se découpe en 4 parties : la première est la vision de Jean de Carrouges, la deuxième celle de Le Gris, la troisième celle de Marguerite et la dernière le fameux duel. Je ne dévoilerai pas le résultat du duel même si c'est une histoire vraie. La forme du récit qui nous fait revivre les mêmes évènements trois fois et avec des visions différentes n'a rien de révolutionnaire, en effet, Akira Kurosawa avait déjà réaliser un film similaire en 1950 avec "Roshomon" (excellent film de samourai au passage). Mais cela reste rare comme format et c'est intéressant de voir un film pareil réalisé par Ridley Scott. Hommage et clin d'œil à ce géant qu'est Kurosawa.

Ce film épouse parfaitement notre époque post Me Too. Marguerite étant une de ces femmes violées et qui refusent de se taire malgré la difficulté d'assumer cette position dans cette société patriarcale dominée par la sainte Eglise. Il est vrai que certains moments font grincer des dents pour cette pauvre Marguerite qui se doit d'affronter vent et marais.

Mais Ridley Scott ne plonge pas dans la moral et ne réalise pas un film "woke" destiné à la nouvelle bien-pensance Hollywoodienne. Non. Scott reste cynique et le personnage de Marguerite le devient sous les conseils de sa belle-mère. Si elle avait sus ce qui l'attendait elle n'aurait rien dit. Ce qui fait de ce film un film qui n'est pas tout blanc ou tout noir. En effet, lorsque que l'on a la vision des différents protagonistes ceux-ci ont tendance à noircir les autres et à se blanchir eux-mêmes. Nous n'avons donc jamais LA VERITE. Ce film n'étant pas objectif mais subjectif. C'est exactement ce qu'est la vraie vie, il n'y a pas de fait mais uniquement des histoires racontées par différents personnages. On s'approche de la vérité lorsque l'on croise les sources.

Le Dernier Duel n'a pas que pour lui un scénario finement et intelligemment tissé, non il est aussi un film d'une très grande beauté. La mise en scène de Scott étant ce qu'elle est j'ai à plusieurs moment du film pu sentir le vent soufflé sur mon visage et sentir l'odeur de l'humidité présente dans le château. Certaines scènes m'ont rappelé les derniers Alien (les scènes dans les forêts d'Ecosse). Accentué par cette photographie sombre qui ne laisse voir qu'un mélange de gris et de vert sombre, on retrouve bien l'effet Ridley Scott de ces dernières années (les Alien, Exodus, etc)

Tous les éléments sont donc réunis pour un grand film, dans la ligné de Braveheart pour une violence pure. Tout y est sale, jusqu'à ces stars hollywoodiennes grimées en chevaliers et écuyers crades et violents autant dans leurs actes que dans leurs paroles. Mais c'est exactement ce qu'on cherche, ça suffit les acteurs tous plus beaux les uns que les autres. Les décors lisses et inexistants ! Ici on a un film à grands budgets qui assument ce qu'il est ! Un film de bourrin, qui traite d'une époque où la vie était dure, et ne souriaient à personne.

Le duel final étant d'une violence à couper le souffle, la vie des trois personnages principaux n'étant tenu qu'à un fil on arrête de respirer pendant 10min de coups de points, d'épées et de lances. Aucune musique pendant ce duel, juste des cries et coups.

La dernière scène du film est le seul moment de bonheur, le seul moment qui baigne d'ailleurs dans un chaude lumière. Un grand moment de cinéma.

Je termine cette critique par un grand merci à Ridley Scott qui arrive à 83 ans à faire des films à grand budget d'excellente qualité. Des films qui ne tombent ni dans la provocations ni dans l'apologie. Des films intelligents ou rien n'est gratuit. Tout y est calculé.

Merci Ridley Scott pour ce cinéma que vous nous proposez.