Houellebecq c'est le nihilisme exacerbé : la fin de la civilisation occidentale, la fin de l'Europe et le triomphe du matérialisme dans une orgie sexuelle intense et pourtant tellement triste et dépressive. Houellebecq passe son temps à nous le répéter : plus les hommes et les femmes sont libres et plus ils consomment des antidépresseurs, de l'alcool.


Dans ce roman nous suivons 2 personnages, 2 demi-frères : Michel et Bruno. Michel est chercheur, il a passé sa vie dans les livres et a évité les humains, son génie l'a orienté dans la recherche en biologie et l'a éloigné de la société. Il n'a pas de femme, pas d'enfants, pas d'ami. Rien. Les relations humaines ne l'intéresse pas, il a compris que dans notre société ça ne servait plus à rien.


Bruno, lui, au contraire, ne cherche qu'une chose : baiser, son but est de jouir, il ne crois plus en rien, juste dans la jouissance de son corps. Ce qui le conduira, en tant que prof, à commettre des erreurs. Il aura lui une femme et un fils mais pour ne jamais les côtoyer. Bruno baise, mais est-il heureux ? Non.


Les deux hommes se complètent, ils sont médiocres, seuls. Michel a compris que c'était la fin d'un monde, il n'est qu'une chaire qui réfléchit, rien de plus, à la fin il ne sera rien et n'ira nul part. Bruno a peur, peur d'être seul, peur de mourir.


Ils croiseront autour du récit nombreux personnages tous liés par un sort triste et sordide à commencer par Annabelle, la magnifique Annabelle, folle amoureuse de Michel à l'adolescence. Gavée de magazine féminin, elle, si pure et gentille, finira par suivre les carcans de son époque : baiser plutôt que de fonder une famille. La fameuse libération sexuelle. Qui n'est une libération que de nom. La tristesse et la solitude seront aussi les seuls compagnie que la pauvre Annabelle aura tout au long de sa vie.


Un autre personnage important est la mère de Michel et Bruno : Jeanne (ou Jane). Elle qui n'a véritablement fait qu'une chose de sa vie : baiser et ne pas s'occuper de ses fils, mourra entourée d'hippies. Michel dira qu'elle n'a voulu vivre qu'entourée de jeunes gens et loin de ses fils pour oublier sa propre mortalité et sa jeunesse qui s'envole.


Finalement, chaque personnage est seul. C'est la seul chose qui est véritablement horrible dans ce livre. On sait que chaque instant de bonheur sera suivit d'un malheur encore plus grand.
La société matérialiste et "libérée" des religions est condamné à mourir. A s'éteindre dans l'indifférence même des hommes et des femmes qui la composent. Du vin, une chatte et des antidépresseurs. "Le Titanic coule, on y peut rien, la seule chose à faire c'est faire bonne figure" comme dirait Onfray. Et Houellebecq a décrit parfaitement notre société qui se désagrège sous son propre paradigme et qui conduira à un changement total de vie à la fin du récit.


La lecture est vraiment dure, pas dans le style mais dans la description chirurgicale de notre monde. Ca fait mal, ça fait peur et ce n'est pas très joyeux (lisez pas ça si vous êtes dépressif !). Les personnages y sont attachants, certaines fois détestables mais réels.

Quentochh
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le 18 mai 2021

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