Le Dernier Nabab par Maqroll
Un scénario de Harold Pinter d’après un roman de Francis Scott Fitzgerald… voilà des lettres de noblesse peu communes pour cet ultime film d’Elia Kazan prenant pour cadre l’Hollywood mythique des années trente. En tête d’une interprétation somptueuse (Robert Mitchum, Jeanne Moreau, Jack Nicholson entre autres), Robert De Niro est grandiose. Son interprétation d’un producteur typiquement fitzgéraldien, aussi mégalomane que fragile (inspiré d’Irving Thalberg) aux prises avec ses démons dans un débat interne à la limite de la folie est une performance hallucinante. Pour mieux interpréter ce personnage ambigu, diaphane mais habité d’une force intérieure impressionnante, l’acteur a d’ailleurs perdu volontairement près de vingt kilos. La mise en scène de Kazan, virtuose autant que lyrique, offre dans des plans fulgurants des échappées vers ces refuges de l’âme, vestiges de l’enfance inabordables autrement qu’en songe, chers à l’auteur de Gatsby. Un film crépusculaire et visionnaire qui suscite à la fois le rêve et la réflexion et qui sera finalement le testament d’un grand cinéaste, en dépit de ses errements idéologiques.