Pour sa dernière, Elia Kazan adapte le roman inachevé de F. Scott Fitzgerald Le Dernier Nabab, où il nous renvoie au cœur de l'âge d'or des studios Hollywoodien, pour y suivre avec mélancolie de nombreux déboires.
Par le prisme d'une remarquable qualité d'écriture, il aborde et décrit l'univers impitoyable du Hollywood d'avant-guerre, avec une touche particulièrement cruelle et cynique malgré un parfum de fascination qui règne tout le long du film. Kazan décrit ici les relations particulières entre les différents métiers de l'industrie, met en avant qui sont les vrais patrons et le rôle de chacun, et il joue habilement avec un scénario bien ficelé et passionnant.
Pourtant, c'est avant tout un portrait humain qu'il propose, celui d'un producteur qui voit son influence diminuer, refusant de remettre en cause l'évolution dans le cinéma à l'image des revendications des scénaristes. Comme souvent chez Kazan, les problèmes professionnels en cachent des privés, et ici il met en scène un personnage mis à mal par des illusions passées qui le hantent constamment, le cinéaste parvient à en faire ressortir une force dramatique qui deviendra bouleversante.
La mise en scène minutieuse de Kazan est immersive et remarquable, donnant à ce Dernier Nabab une ambiance envoûtante et mystérieuse, le tout avec comme décors le passionnant âge d'or du Cinéma américain. En plus de l'atmosphère, la force du film se trouve dans les personnages et les liens entre eux, surtout qu'ils sont tous très bien interprétés, notamment par un grandiose et époustouflant Robert De Niro, signant une composition d'une immense justesse et émotion, alors qu'il est bien épaulé par notamment Jack Nicholson, Tony Curtis ou Jeanne Moreau.
Elia Kazan scelle définitivement son emprunte sur le Cinéma en signant Le Dernier Nabab, une oeuvre qui revient avec autant d'émotion que de cynisme ou de mélancolie sur l'âge d'or du Cinéma d'Hollywood ainsi que de ses représentants.