Que Le dernier piano fasse jouer la corde sensible, eu égard à son contexte tragique, la guerre en Syrie, n'a rien de surprenant, et le film est plutôt satisfaisant sur ce point, sauf quand il tombe, vers la fin, sur des extrêmes mélodramatiques. Certains personnages ne sont là que pour susciter l'empathie et c'est souvent réussi (le vieil homme, l'enfant) mais parfois complètement ridicule (la combattante Kurde). Le film mélange les genres et là aussi il faut trier le bon grain de l'ivraie : un très bon point pour le réalisme dans la peinture des conditions de survie des citoyens normaux ; un autre pour la belle quête de son héros principal, pour l'amour de l'art en zone de guerre ; un mauvais point pour le côté western qui se substitue de temps à autre à l'essentiel, à savoir l'aspect purement humain. C'est de ce dernier côté que Le dernier piano a le plus d'atouts à faire valoir, en montrant l'absurdité de la violence, de la haine et de la colère, au milieu de paysages dévastés (dont l'esthétique est cependant est un peu trop travaillée). Par ailleurs, la mention "Inspirée de faits réels" est toujours source d'ambigüité : jusqu'à quel point l'histoire est-elle vraie et quels ingrédients romanesques ont été ajoutés pour la rendre plus spectaculaire ? Faute de pouvoir connaître la réponse et malgré des reproches évidents à lui faire, le film a le mérite de nous faire ressentir une impression de danger permanent sans trop céder à un lyrisme déplacé.