Autant je peux facilement comprendre que nos réalisateurs français délaissent la grisaille de notre cinéma pour tenter leur chance à Hollywood, autant je suis déjà plus perplexe quand je vois des John Woo, Ringo Lam, Kirk Wong, Hideo Nakata et autres Park Chan-Wook brader leur talent et leur relative liberté pour servir la soupe à des méga stars au cours de commandes frelatées écrites avec des moufles et expurgées de la moindre petite parcelle d'originalité et de prise de risque. C'est au tour du sud-coréen Kim Jee-Woon d'orchestrer le grand retour de Governator sur le devant de la scène après ses participations amicales aux "Expendables".

Etrange orientation donc pour le metteur en scène de "A bittersweet life" qui venait pourtant de signer un pur diamant noir avec "J'ai rencontré le diable", son plus grand film à mes yeux. Le voir aux commandes d'un tel produit est pour moi un sacré retour en arrière, d'autant plus qu'il est peu probable que le résultat ne lui soit bénéfique.

Cinéaste motivé avant tout par son propre plaisir, Kim Jee-Woon a ce petit côté sale gosse qui parvient souvent à transcender un scénario plus que léger, grâce à un talent certain pour la mise en scène, le cinéaste n'ayant pas son pareil pour offrir des séquences d'action franchement jouissives. C'est justement ce qui empêche ce "Dernier rempart" de se vautrer dans les grandes largeurs et de demeurer plutôt sympathique, du moins si l'on est dans un bon jour.

Pendant plus de trois quarts d'heure, "Le dernier rempart" déroule une intrigue balisée et sans aucun intérêt, tellement mollassonne que l'envie de zapper est extrêmement puissante. On sent que Kim Jee-Woon se fait chier et nos paupières de devenir très lourdes, pas aidés que nous sommes par des personnages creux et l'interprétation catastrophique d'Arnold, pour qui j'ai beaucoup de tendresse au demeurant.

Puis, comme s'il se réveillait enfin d'une bonne sieste, Kim Jee-Woon sort l'artillerie lourde et décide de toute faire péter dans la joie et la bonne humeur, de balancer de l'action bigger than life, de faire courir sa star dans tous les sens, de lâcher un Johnny Knxoville visiblement content d'être là dans un rôle rappelant celui tenu par Song Kang-Ho dans "Le bon, la brute et le cinglé", de filer un fusil de chasse à une vieille mémé et surtout de repeindre les murs en rouge.

Totalement décomplexée, cartoonesque et délicieusement stupide, la seconde partie du "Dernier rempart" est l'unique raison de vivre d'une commande sans saveur mais complètement barrée le temps d'un doux climax purement westernien, une sorte d'adaptation non-officielle de "Walker Texas Ranger" mais sans Chuck Norris, qui aurait de toute façon réglé la situation avant même d'apparaître à l'écran.

Créée

le 9 févr. 2014

Modifiée

le 8 févr. 2014

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Gand-Alf

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